Une rue portant le nom de Mouloud Aounit, fervent défenseur des droits Humains et farouche opposant au racisme et à l'islamophobie en France, décédé le 10 août 2012, suite à une longue maladie, sera inaugurée le 15 février prochain à Aubervilliers (nord-est de Paris), a-t-on appris lundi auprès de l'association dont il était le fondateur. Située en plein centre-ville d'Aubervilliers, dans le département de la Seine-Saint-Denis, cette rue permettra de "pérenniser" le nom de cet immigré algérien et rendre hommage à son engagement dans les combats pour l'égalité pour tous et contre le racisme, la xénophobie et l'islamophobie, a indiqué à l'APS le président de l'Association "Le 93 au cœur de la République", Boualem Benkhelouf. Jusque-là, le nom de l'ancien président du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) était donné à la Maison de l'emploi d'Aubervilliers, une initiative de la Mairie considéré, par l'Association, comme une petite partie de ce que représentait feu Aounit tant pour la Municipalité que pour le combat qu'il a mené des années durant. "Nous saluons la première initiative de la Mairie, mais nous jugions, au sein de l'Association que Mouloud avait créée, que l'inauguration d'une rue en son nom est seule à même de pérenniser sa mémoire" a estimé le président de l'Association 'Le 93 au cœur de la République". La décision d'inaugurer une rue du nom de Mouloud Aounit a été prise en décembre dernier à "l'unanimité" des membres du Conseil municipal d'Aubervilliers, région parisienne qui avait vu grandir le militant antiraciste et un des symboles de l'immigration algérienne en France. "Très tôt, Mouloud Aounit a pris à bras le corps le combat que nous lui connaissons, et c'est tout naturellement qu'il devint président d'une des plus grandes organisations antiracistes de France qu'est le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples", a rappelé l'Association, signalant que Mouloud se battait aussi pour la reconnaissance officielle par la France des évènements du 17 octobre 1961, jour où de nombreux Algériens qui manifestaient pacifiquement, furent jetés dans la Seine et tués. "Cette date est connue d'un grand nombre d'Albertivillariens grâce à Mouloud. Il en avait fait un engagement personnel pour dénoncer ce crime placé sous silence pour raison d'Etat. Un crime qui ne peut pas rester impuni", a-t-elle affirmé. Avant cet hommage, Mouloud Aounit avait été promu chevalier de l'ordre national du Mérite en 2000, puis chevalier de la Légion d'honneur en 2003. Le 21 janvier 2012, soit huit mois avant son décès à l'âge de 59 ans, il reçoit le prix des droits de l'Homme attribué par Le Cojep (Conseil pour la justice, l'égalité et pour la paix), une ONG implantée dans 15 pays européens, et qui a son siège à Strasbourg. Le 10 août dernier, soit une année jour pour jour après sa mort, un vibrant hommage lui a été rendu à Aubervilliers par de nombreux proches, amis et représentants de partis politiques et du mouvement associatif. Né le 23 février 1953 à Timezrit, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, Mouloud Aounit était arrivé très tôt à Aubervilliers, ville où il a fait toute sa carrière. Il a notamment été élu au conseil régional d'Ile-de-France, à la tête de la liste présentée par le Parti communiste français en Seine-Saint-Denis. Il a été secrétaire général (1989-2004), puis président (2004-2008) du Mrap.