Le peuple sahraoui est en droit de réclamer une réparation à l'Union européenne (UE) pour les conséquences de l'accord de pêche qu'elle a conclu avec le Maroc, incluant "illégalement" les eaux territoriales du Sahara occidental sur lesquelles il n'a aucune souveraineté, a affirmé mercredi le ministre délégué pour l'Europe, représentant du Front Polisario auprès des institutions européennes, Mohamed Sidati. "Les Sahraouis sont en droit de demander réparation à l'UE et nous resterons déterminés pour invalider cet accord de pêche. Nous allons plaider à tous les niveaux et user de tous les recours pour annuler cet accord illégal et inadmissible", a déclaré M. Sidati dans un entretien à l'APS. Le représentant du Front Polisario a expliqué que les Sahraouis, avec l'apport d'ONG internationales et d'imminents juristes, "continueront à se battre" pour démontrer "le pillage, la destruction des fonds marins et la surexploitation". "Nous continuerons à nous battre pour démontrer ce qui se fait avec le soutien de l'UE, les opérations de pillage des ressources d'un peuple qui lutte pour sa dignité et victime de répression", a-t-il souligné. L'accord de pêche reconduit par l'UE après l'avoir suspendu pendant plusieurs années, a été contesté par beaucoup d'eurodéputés et avait buté sur la question du respect des droits de l'Homme dans les territoires occupés, "si ce n'est le forcing des Espagnols", a-t-il noté. "Des pays comme l'Allemagne, la Suède, les Pays-Bas et bien d'autres se sont distingués par leur refus de cet accord et d'autres pays avaient hésité lors des tractations. 270 eurodéputés l'avaient rejeté, et au niveau de la commission, le document est passé in-extrémis. Un avis juridique qui avait été demandé a souligné son illégalité", a encore relevé le ministre délégué sahraoui pour l'Europe. Selon lui, les intérêts occultes et la puissance de l'argent ont fait que cet accord de pêche soit entériné notamment par la partie espagnole "dont le pays est aux abois au niveau économique". M. Sidati a tenu, cependant, à relever le paradoxe prévalant dans les positions du Parlement européen (PE) puisque l'accord de pêche a été reconduit au même moment de l'adoption du rapport "Tannock" sur la situation des droits de l'Homme au Sahara occidental, précisant que "tout milite pour l'annulation pure et simple de cet accord illégal". "L'accord stipule clairement qu'il y a nécessité de respect des droits de l'Homme et qu'il peut être suspendu s'il y a constatation de violation de ces droits, or nous avons attiré l'attention de la communauté internationale qu'il y a effectivement violation grave des droits de l'Homme dans les territoires occupés", a ajouté M Sidati. Le représentant du Front Polisario auprès des institutions européennes a, toutefois, noté que la reconduction de cet accord par le PE a donné lieu à un travail de sensibilisation et de proximité permettant ainsi à la cause sahraouie d'être encore plus visible au niveau des instances européennes. Le conflit aurait été réglé depuis longtemps si ce n'est la position de la France Par ailleurs, le représentant du Front Polisario a estimé que le conflit au Sahara occidental "aurait été réglé depuis longtemps si ce n'est l'attitude de la France", qu'il a qualifiée de "soutien quasi aveugle aux thèses expansionnistes marocaines", a-t-il dit en réponse à une question sur la position de la France vis-à-vis de la question sahraouie. "La France a des responsabilités immenses de par la densité des liens qu'elle a avec les pays de la région, qu'ils soient culturels, historiques, économiques ou autres. Elle est liée à ce pourtour de la Méditerranée, de l'Afrique du Nord. Son rôle doit être beaucoup plus celui de la médiation et de la modération d'autant plus qu'elle est membre du Conseil de sécurité", a soutenu M. Sidati, précisant qu'à partir de là "la France doit soutenir la légalité internationale". Le responsable du Front Polisario a émis le souhait de voir la France arriver à la conclusion que "les droits inaliénables du peuple sahraoui ne peuvent être ignorés ou contournés" et apporter sa contribution pour aider à éteindre un foyer au sein de cette région qui fait face à de nouveaux défis. "Nous constatons qu'il y a des complications dans la région et nos efforts devraient converger vers ces nouveaux défis qui sont la lutte contre le terrorisme, le banditisme, la lutte contre les trafics en tous genres qui constituent une vraie menace pour la région au lieu de maintenir la guerre contre le peuple sahraoui", a-t-il encore dit. "Je ne dirais pas que je lance un appel du pied à la France mais nous voudrions croire qu'après tant d'épreuves des Sahraouis, il y aura une évolution dans sa position. La France a tout intérêt à ce que les droits du peuple sahraoui soient respectés", a soutenu M. Sidati, précisant que cela dépend de la volonté "des décideurs français". Il a indiqué qu'il est temps de parvenir à une paix au Maghreb car le partenariat entre le grand Maghreb, auquel aspirent les peuples de la région, et l'UE dont fait partie la France, passe "nécessairement par la résolution du conflit au Sahara occidental sur la base du droit international". Les campagnes de propagande du Maroc dénotent une "certaine nervosité" du Palais Concernant les campagnes médiatiques marocaines qui visent aussi bien le Front Polisario que l'Algérie, dont la dernière fait état de "mouvements de protestation dans les camps de réfugiés de Tindouf", M. Sidati a "déploré le recours à la propagande mensongère" pour faire diversion sur l'échec de sa politique désavouée sur le plan international. "Devant l'évolution de la situation qui a vu sa politique au Sahara occidental condamnée au niveau international mettant à nu ses pratiques de répression et de torture, le Maroc, complètement déstabilisé, tente d'atteindre la détermination des Sahraouis en exil", a-t-il encore souligné. Selon lui, le Royaume marocain tente de "réduire l'importance de la résistance et son ampleur" ainsi que donner l'impression que le conflit est une question "bilatérale" entre le Maroc et l'Algérie. "Il s'en prend à l'Algérie malgré que la position de celle-ci est très claire. L'Algérie a adopté une position que l'histoire retiendra et qui consiste à s'en tenir à la légalité internationale, le droit international et le respect du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination".