La conservation des Forêts de la wilaya de Batna a entamé une opération de recensement des grottes et des excavations situées en zones humides, permettant la découverte (ou la redécouverte) de véritables merveilles de la nature. L'initiative de la conservation des Forêts, appelée à s'étendre pour recenser des sites similaires dans les wilayas limitrophes est aussi "un appel" aux universitaires et aux chercheurs spécialisés pour qu'ils "se penchent sur ces espaces de transit entre la terre et l'eau et redécouvrent leurs spécificités et leurs atouts", a expliqué à l'APS le responsable de la protection de la flore et de la faune, Athmane Briki. Les forêts de la région des Aurès recèlent un nombre important de ces espaces naturels qu'il importe de mettre en valeur avec la mise en place d'itinéraires touristiques pour y accéder facilement, estime également ce responsable. Depuis le lancement de l'opération de recensement, le service de la faune et flore de la conservation des Forêts a recensé sept (7) grottes, caractérisées par une grande diversité biologique, où la chauve-souris, considérée comme régulatrice des populations d'insectes nuisibles, est le dénominateur commun. Khanguet Sidi Mohamed-Tahar connue sous le nom de grotte Capelitti, située dans la région de Berbaga dans la montagne Temagoult, dans la commune d'Oued Taga, demeure l'une des plus importantes grottes de la région. Selon certaines études, des traces de l'homme du paléolithique ont été trouvées à l'intérieur de cette grotte découverte en 1969 par le français Jean-Baptiste Capeletti. Considérée comme l'une des premières grottes du continent africain, cette grotte contenait des haches en métal et divers petits outillages primitifs qui ont été transférés à Paris (France) pour être aujourd'hui exposés au Musée de l'Homme, alors que quelques une seulement se trouvent au musée du Bardo, à Alger. Une deuxième grotte, et non des moindres, est celle connue sous l'appellation "la grotte de l'enfer" ou "la grotte du lion de l'Atlas", dans la montagne de Mestaoua, qui s'élève à 1.625 mètres au-dessus du niveau de la mer, dans la commune d'Oued El Ma, sur l'axe d'Oued Zana. La grotte, très profonde, où l'on peut voir des inscriptions remontant à 1927 (date probable de sa découverte) est accessible à travers une ouverture de deux mètres qui mène vers un couloir ouvert donnant sur un balcon offrant une vue sur une pente. De cette excavation où des saillies rocheuses blanches sont visibles, émerge une cours d'eau qui s'étend jusqu'à la région de Zana, sur des kilomètres, selon certaines études consacrées à la grotte du lion de l'Atlas. La grotte Ouchetouh, située dans la commune de Taxlent, et où un massacre fut perpétré par la France coloniale durant la Révolution, en 1958 (118 civils dont des femmes et des enfants y furent atrocement assassinés), se singularise par l'espèce de chauves-souris qui y vivent. La région est également connue par ses cascades de Taghif , ses arbres, des pistachiers de l'Atlas, et également par ses chardonnerets , une espèce d'oiseau menacée de disparition. La région de Maâfa est également célèbre pour ses cavernes sculptées à même la montagne, utilisées par l'être humain dans la région des Aurès comme abris. Les cascades de Maâfa et ses sources d'eau ont promu la région à une zone humide par excellence. Il y a aussi la caverne dite Khaloua, dans la région de Sidi-Ali, dans la commune de Kimel. Elle se situe dans une zone humide connue sous le nom de "Ksar Er-roumiya" (le palais de l'européenne), à proximité des limites administratives entre Batna et Khenchela. L'on raconte que "Ksa Er-roumiya" provient d'une belle femme amazighe, blonde aux yeux bleus, qu'on prenait pour une européenne. L'opération de recensement des grottes de la wilaya de Batna a également conduit l'équipe chargée de cet inventaire vers la grotte Chasta, dans la région de Zana Ouled Sbaâ, célèbre pour des différents genres de chauves-souris. La même équipe est partie à la redécouverte de la grotte Boumegher qui fut, selon les premiers constats, un abri sûr pour certains animaux, le loup et l'hyène notamment, tandis que des recherches se poursuivent pour remonter la piste d'une grotte localisée dans la commune Rahbat. Toutefois, les grottes et les cavernes de la région des Aurès, en dépit de leur présence dans des zones humides, n'ont pas encore fait l'objet d'un intérêt à même de les promouvoir et les positionner parmi les sites touristiques phares de la région. L'initiative de recenser et de (re)découvrir ces merveilles est cependant perçue comme un premier pas vers la mise en valeur de ces sites, et la promotion du tourisme écologique.