Le président américain Barack Obama a demandé au chef du gouvernement israélien Benjamin Netanyahu de prendre des décisions "difficiles" pour parvenir à des avancées concrètes dans le processus de paix israélo-palestinien, à quelques jours de la visite du président palestinien Mahmoud Abbas à Washington. Les discussions entre Palestiniens et Israéliens sont dans l'impasse en raison de la poursuite de la colonisation dans les territoires occupés, le nombre de mises en chantier de logements en Cisjordanie occupée ayant doublé en 2013 par rapport à 2012, selon des chiffres officiels israéliens, et la date butoir des négociations directes arrivant à échéance. M. Obama a néanmoins estimé qu'il est toujours possible de créer "deux Etats, israélien et palestinien, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, tout en mettant en garde Benjamin Netanyahu qui se trouve à Washington contre la "construction accélérée dans les colonies". Il a affirmé au Premier ministre israélien qu'il va "falloir prendre certaines décisions difficiles" pour faire aboutir les pourparlers de paix, qui ont repris en juillet 2013 après quasiment trois ans d'interruption. La requête du chef d'Etat américain est d'autant plus pressante que la Palestine rejette toute prolongation des négociations de paix avec Israël au-delà de la date butoir, fin avril. "Il ne sert à rien de prolonger les négociations (...) si Israël, représenté par son gouvernement actuel, continue à mépriser le droit international", a déclaré le principal négociateur palestinien Saëb Arekat, en réaction à des propos du secrétaire d'Etat américain John Kerry selon lesquels "les discussions entre les deux parties se poursuivraient probablement au-delà des neuf mois impartis". Pour Barak Obama, "si les Palestiniens arrivent à la conclusion qu'un Etat palestinien souverain et contigu n'est plus possible", la capacité de Washington "à gérer les conséquences internationales sera limitée". Les pourparlers israélo-palestiniens sont censés déboucher d'ici au 29 avril sur un "accord-cadre" traçant les grandes lignes d'un règlement définitif sur les questions de statut final: les frontières, les colonies, la sécurité, le statut d'El-Qods occupée et les réfugiés palestiniens. Aucune avancée visible n'a toutefois été constatée jusqu'ici, les délégations israélienne et palestinienne ne s'étant pas officiellement rencontrées depuis plusieurs mois. L'équipe de M. Kerry fait la navette entre les deux parties. Mahmoud Abbas bientôt à Washington Le président palestinien Mahmoud Abbas est attendu le 17 mars aux Etats-Unis pour des entretiens avec son homologue américain Barak Obama en vue d'examiner les progrès dans les négociations de paix israélo-palestiniennes. Les deux dirigeants doivent également discuter de mesures destinées à renforcer les institutions qui peuvent soutenir la mise en place d'un Etat palestinien, selon la Maison Blanche. D'après le quotidien américain New York Times, le président Obama a l'intention de s'impliquer personnellement dans le processus de paix et de presser Benjamin Netanyahu d'accepter "l'accord-cadre" américain. Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, a assuré lundi que les Etats-Unis étaient arrivés "à un moment de l'histoire qui leurs demande (...) de tout faire pour aider à mettre fin à ce conflit une fois pour toutes". A l'issue d'entretiens avec John Kerry la semaine dernière à Paris, le président Abbas avait constaté l'échec "jusqu'à présent" de la diplomatie américaine pour définir un accord-cadre, qualifiant d'"inacceptables" les idées avancées par Washington. Poursuite des agressions israéliennes contre les Palestiniens Alors que toutes les parties s'activent pour tenter de désenliser les pourparlers de paix israélo-palestiniens, les forces d'occupation israéliennes poursuivent leurs agressions et incursions dans les territoires palestiniens occupés, en dépit des condamnations de la communauté internationale. Ainsi, 28 Palestiniens ont été arrêtés ces dernières 24 heures par l'armée israélienne lors d'incursions en Cisjordanie. Et lundi, deux Palestiniens ont été tués dans le nord de la bande de Ghaza par un raid israélien qui a également fait deux blessés. L'organisation internationale des droits de l'Homme Amnesty International a récemment indiqué que l'armée israélienne avait tué des dizaines de Palestiniens en Cisjordanie depuis trois ans "au mépris de la vie humaine". L'ONG avait demandé aux autorités israéliennes d'ouvrir des enquêtes "impartiales et transparentes" sur tous les cas de civils palestiniens tués ou sérieusement blessés à la suite d'actions des forces israéliennes, pressant "la communauté internationale de suspendre toutes les fournitures de munitions, d'armes et d'autres équipements à Israël". En décembre, l'ONG israélienne B'Tselem avait annoncé que 27 Palestiniens avaient été tués en Cisjordanie par des soldats israéliens en 2013, soit trois fois plus qu'en 2012.