L'Algérie accuse un retard dans l'application des recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en matière de greffe d'organes, sa politique dans ce domaine reposant essentiellement sur le don d'organes par des personnes vivantes, estiment des néphrologues. Pour la transplantation de foie, l'OMS recommande une quinzaine de greffes pour un million d'habitants/an, alors que l'Algérie n'a effectué qu'une quinzaine de greffes entre 2007 et 2011, selon le Pr Abdelaziz Keraba, chef de service de chirurgie au Centre Pierre et Marie Curie (CPMC). Concernant la greffe rénale, l'organisation préconise 350 greffes pour un million d'habitants/an, sauf que l'Algérie n'en a effectué que 554, révèle le même spécialiste. Par ailleurs, l'OMS recommande la greffe de 1500 cornées pour un million d'habitants/an, alors que les centres hospitaliers chargés de cette mission n'ont effectué que 2021 opérations entre 2007 et 2011. Le CHU de Constantine a effectué la première greffe à partir d'une personne décédée en 1986. Elle a été suivie d'autres opérations non régulières pendant plusieurs années avant d'être interrompues puis relancées en 2007 suite à la mise en place par le ministère de tutelle d'un programme de greffe en Algérie. 11 CHU sur un total de 14 effectuent des greffes d'organes, de tissus et de cellules. Le plus grand nombre d'opérations est assuré par l'établissement hospitalier spécialisé en chirurgie cardiaque Mohand Maouche d'Alger. La transplantation de foie est assurée uniquement par le CPMC Pierre et Marie Curie et l'hôpital d'Oran qui assurent également la greffe de la moelle osseuse. La greffe de la cornée importée des Etats Unis est assurée par huit CHU à travers le territoire national. 14 cliniques privées assurent, quant à elles, la Procréation médicalement assistée (PMA). Plaidoyer pour le renforcement des campagnes de don d'organes Le porte-parole de la Fédération des associations des insuffisants rénaux, M. Mohamed Boukhars a appelé à la multiplication des campagnes de sensibilisation au don d'organes au sein de la société, imputant au ministère de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière le retard accusé dans ce domaine. Il a, dans ce sens, appelé à mettre en place des lois sur la greffe d'organes et encourager la greffe à partir de personnes décédées pour permettre aux autorités publiques de répondre à la demande sans cesse croissante (près de 20.000 cas en 2013). Chaque année, 4000 cas d'insuffisants rénaux sont recensés dont 2000 seulement suivent des séances d'hémodialyse dans des centres publics et privés, a-t-il précisé, ajoutant que 20.000 insuffisants rénaux sont décédés durant les dix dernières années. Les moyens nécessaires doivent être mis à la disposition des centres de greffe d'organes pour accomplir cette "noble" mission, a-t-il souligné, déplorant le fait que certains centres disposant d'équipements techniques et de spécialistes n'assurent pas encore la greffe, à l'instar des CHU d'Annaba et de Sétif.