Le coût de la prise en charge d'une greffe de rein est de 2 millions de dinars. Le nombre de personnes ayant subi des greffes de rein, de foie, de cornée et de moelle a enregistré une hausse depuis 2007. Malgré cette avancée, les résultats restent en deçà des résultats espérés. C'est là le constat de la chef du service ophtalmologie du CHU Nefissa-Hamoud d'Alger, le Pr Louisa Chachoua. Elle intervenait hier lors de la deuxième journée du 4e colloque franco-maghrébin sur la transplantation d'organes, de tissus et de cellules, qui s'est déroulé dans la capitale. «Malgré les efforts consentis aussi bien dans les domaines législatif, médical et organisationnel, l'activité de greffe reste en deçà des résultats espérés», a-t-elle indiqué. Le nombre de greffes du rein, pour la période allant de 2007 à 2009, a été de 305, de 7 pour le foie, de 1420 pour la cornée et de 422 pour la moelle. Selon le professeur, 1% seulement des 13.000 cas d'insuffisants rénaux en état d'insuffisance chronique terminale dialysée ont été greffés en 2008. 80% de ces patients se situent dans la tranche d'âge 16-50 ans. Relevant que les 305 greffes du rein réalisées en 3 ans proviennent de donneurs vivants apparentés, elle a souligné que «le développement de ce type de greffe a permis l'augmentation du nombre de transplantations et sa généralisation au niveau des grands centres hospitaliers». Un programme de greffe à partir de donneur vivant ne peut perdurer sans son corollaire, l'activité de greffe à partir de donneur décédé, a-t-elle estimé. S'agissant de la greffe de la cornée, le Pr Chachoua a indiqué que le nombre de patients nécessitant cette intervention est de 1500 cas par an. Elle souligne que l'importation est loin de régler ce problème de santé publique. La même responsable a indiqué que le coût d'une seule prise en charge d'une greffe de rein est de 2 millions de dinars, alors que pour la cornée, elle est de 2000 dollars. Le Pr Chachoua a souligné, par ailleurs, que le développement de la greffe d'organe et de tissu en Algérie doit obligatoirement passer par la promotion du don et l'amélioration des conditions de travail des équipes de prélèvement et de greffes. Elle a plaidé, dans ce cadre, pour l'amendement des textes en faveur du consentement présumé, ce qui permettra d'éviter à la famille, a-t-elle expliqué, une prise de décision difficile dans un contexte dramatique. La première greffe de rein en Algérie a été réalisée en 1986 au CHU de Constantine, alors que celle de la cornée est survenue juste après l'Indépendance. Cette opération n'a pas connu de progrès jusqu'au lancement du programme national de greffe en 2007. Par ailleurs, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, M.Saïd Barkat, a indiqué que l'Agence nationale de la greffe et de la transplantation des organes verra le jour cette année. Il a ajouté que l'Algérie est en mesure de développer la transplantation d'organes grâce à ses compétences scientifiques et à la coopération du corps médical spécialisé dans ce domaine. De son côté, le Dr Jean-Bosco Ndihokubwayo a indiqué que le taux de greffe d'organes en Afrique ne dépasse pas les 0,6 par million d'habitants.