Les habitants de Crimée ont commencé dimanche à voter dans le cadre d'un référendum pour se prononcer sur le rattachement de la péninsule ukrainienne à la Russie, qui a opposé la veille son veto à un projet de résolution occidental contre cette consultation controversée, jugée illégale par Kiev. Un million et demi d'électeurs sont invités à choisir entre l'intégration de la Crimée (presqu'île du sud à majorité russophone) à la Fédération de Russie et une plus large autonomie au sein de l'Ukraine. Deux questions sont ainsi posées aux votants : la première est "Approuvez vous la réunification de la Crimée avec la Russie comme membre de la Fédération de Russie. La seconde est "Approuvez-vous la restauration de la Constitution de Crimée de 1992 et le statut de la Crimée comme faisant partie de l'Ukraine?". Pour couvrir le référendum , "623 journalistes représentant 129 médias ont été accrédités, suivi aussi par 135 observateurs étrangers venus de 23 pays", avait affirmé le président du comité d'organisation de la consultation, Mikhaïlo Malychev. D'après lui, les médias seraient également autorisés à filmer le décompte des bulletins qui seront placés sur trois piles: pour la Russie, pour une autonomie élargie et bulletins nuls. Selon des estimations, les russophones qui représentent la majorité des habitants de ce territoire, rattaché en 1954 à l'Ukraine par le leader soviétique de l'époque, Nikita Khrouchtchev, vont sûrement se prononcer en faveur d'une union formelle avec la Russie, alors que les minorités ukrainienne et tatare (musulmane), qui constituent ensemble 37% de la population, ont appelé au boycott. La Crimée, qui abrite la Flotte russe de la mer Noire, est au centre de la crise en Ukraine depuis la destitution du président ukrainien Viktor Ianoukovitch le 22 février par le Parlement. Les résultats provisoires de ce référendum sont attendus dans la soirée et le décompte final devrait être annoncé un ou deux jours plus tard. Cette consultation est jugée illégale par les nouvelles autorités de Kiev et les Occidentaux qui ont averti la Russie de "sévères" sanctions. Un nouvel épisode dans la confrontation russo-occidentale au sujet de l'Ukraine. Samedi, la Russie a mis son veto à un projet de résolution contre le référendum présenté au Conseil de sécurité par les Etats-Unis. Le texte stipulait que "le référendum ne peut avoir aucune validité et ne peut pas fonder la moindre modification du statut de la Crimée". Le document réaffirmait l'"engagement" du Conseil "envers la souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale de l'Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues" et demandait également à Moscou et Kiev d'"entamer un dialogue politique direct". Le veto russe n'était pas une surprise notamment après l'échec, vendredi à Londres, d'une réunion américano-russe de la dernière chance pour tenter de trouver un compromis sur la crise ukrainienne. L'Est ukrainien, nouvelle zone de tension Le référendum en Crimée risque, selon des observateurs, de réveiller les séparatismes dans les bastions russophones et industriels de l'Est de l'Ukraine, secoués ces dernières semaines par des tensions entre nationalistes ukrainiens et partisans de la Russie. Cette dernière a brandi la menace d'une intervention militaire dans l'est ukrainien, affirmant que Kiev ne contrôle pas la situation dans le pays. "La Russie a conscience de sa responsabilité pour la vie de ses concitoyens et compatriotes en Ukraine et se réserve le droit de les protéger", a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères, après des heurts violents survenus la nuit précédente à Donetsk (est de l'Ukraine). Et dernièrement, le président russe Vladimir Poutine a obtenu du Sénat russe l'autorisation d'utiliser ses troupes en Ukraine pour intervenir au nom de la protection des russophones. Initiative de Pékin pour une solution politique à la crise Face aux derniers développements en Ukraine, la Chine qui s'est abstenue la veille lors du vote au Conseil de sécurité sur le projet de résolution, a appelé dimanche à "la retenue pour éviter l'escalade des tensions". Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Qin Gang a promis que son pays continuerait à servir de médiateur et à promouvoir le dialogue afin de jouer un rôle constructif pour trouver une solution politique à la crise dans ce pays. Après l'échec de l'adoption du texte à l'ONU, Pékin a présenté samedi une proposition en trois points pour rechercher une solution politique à la crise. Il s'agit, selon le représentant permanent de la Chine aux Nations unies, Liu Jieyi d'"établir le plus tôt possible un mécanisme de coordination international réunissant toutes les parties concernées afin d'explorer les moyens pour une solution politique de la crise". Aussi, "toutes les parties devraient entre-temps se retenir de toute action qui pourrait mener à l'escalade de la situation" et "les institutions financières internationales devraient commencer à explorer les manières d'aider à maintenir la stabilité financière et économique en Ukraine," avait-t-il insisté.