Plusieurs recommandations pour endiguer le phénomène de la contrebande ont été avancées par les universitaires qui se sont succédé, jeudi, à la tribune de l'université de Tlemcen, au deuxième jour du colloque national sur la contrebande. Le Pr. Ahmed Touil, de l'université de Tlemcen, a fait la distinction entre "la contrebande", qui s'effectue à petite échelle et par les valises et "la contrebande technique" s'opérant à grande échelle et représentant des fausses déclarations sur la valeur et les volumes des marchandises, leurs origines et leur nature. Pour lui, "c'est le différentiel des prix aux frontières et les prix accessibles des denrées de première nécessité subventionnés par l'Etat qui encouragent les contrebandiers à s'adonner à cette activité illicite". Il a également mis en exergue les profits engrangés par cette activité frauduleuse. "Si l'on se base sur le calcul du SMIG, la valeur marchande d'un gramme de kif traité équivaut à 60 dinars alors qu'une heure de travail dans le circuit formel revient à 140 dinars, d'où l'attrait de ces activités illicites chez les milieux des jeunes désœuvrés", a-t-il ajouté. Pour lutter contre la contrebande, le Pr. Touil a recommandé "un nivellement des prix à l'international des produits pour rendre nuls les gains engrangés", "une répression accrue" et "une coopération internationale plus dense" et "un contrôle rigoureux des frontières". De son côté, le chercheur Ayad Mohamed Samir, de l'université de Tlemcen, a présenté une série de propositions pouvant figurer au titre d'une stratégie anti-contrebande Le conférencier a souligné la volonté politique de lutter contre ce phénomène, affichée à maintes reprises en diverses occasions. "Toutefois des mesures pratiques doivent être prises pour donner un contenu concret et plausible à cette volonté", a-t-il estimé. Les mesures qu'il proposera portent notamment sur la modernisation des services de douanes pour qu'ils puissent se conformer et répondre aux défis exigés par les nouveaux contours pris par le crime organisé transfrontaliers, le renforcement des dispositions préventives locales, le renforcement du soutien social des catégories démunies, la sensibilisation sur les méfaits et les dangers socioéconomiques de la contrebande, la lutte contre la corruption et l'amélioration des conditions de travail et matérielles des fonctionnaires pouvant céder aux tentations des contrebandiers. L'amélioration des conditions de travail des opérateurs et des investisseurs pour les préserver de toute tentative d'opter pour le secteur informel et le renforcement de la coopération sur les plans bilatéral, régional et international ont été les autres pistes préconisées par le conférencier. Ce colloque national sur la contrebande est organisé, depuis mercredi, par l'université "Abou Bakr Belkaïd" de Tlemcen et le Commandement régional ouest de la Gendarmerie nationale, rappelle-t-on.