L'intérêt scientifique et pédagogique des manuscrits à caractère historique a été mis en relief dimanche à la deuxième journée du colloque international "Carrefours sahariens" qui se tient au Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC), à Oran. "La transmission du savoir a depuis toujours été favorisée par la diffusion des manuscrits", a souligné le chercheur algérien Saïd Bouterfa lors d'une conférence animée dans le cadre de cette rencontre réunissant plus de 40 participants de différents pays. "Le mouvement incessant des caravanes et le commerce trans-saharien ont constitué le vecteur principal de la diffusion du savoir en Afrique", a indiqué ce spécialiste membre de l'Institut de recherche et d'histoire des textes, relevant du Centre de recherche scientifique (CNRS, France). Axant sa communication sur la région du Touat-Gourara, M. Bouterfa a fait observer que "le rayonnement spirituel des ulémas a permis à cette région de contribuer à la propagation de l'islam en direction de l'Afrique". La présence des savants du Touat qui feront transporter avec eux leurs bibliothèques est attestée bien avant le 14ème siècle, a-t-il affirmé, rappelant que le mausolée le plus ancien est celui du Cheikh Abou El-Qassim El-Touati mort en l'an 936 de l'hégire (1529 ap. J-C) et enterré dans le quartier ouest de la ville où reposaient déjà 50 ulémas et saints hommes originaires du Touat. Selon M. Bouterfa, "le réseau de commerce à longue distance a permis, pendant plus d'un millénaire, surtout à partir du 9ème siècle avec le développement de l'industrie papetière, l'intensification des échanges avec l'Afrique, tout en favorisant les relations déjà existantes entre les deux rives du grand désert". A l'instar des autres métropoles africaines, la région du Touat Gourara fut, par ses savants, écoles et bibliothèques, à la fois un centre important de diffusion et l'une des haltes principales des pèlerins en partance vers les Lieux Saints de l'islam, a fait valoir l'intervenant. L'exploitation scientifique de ce patrimoine fondamental que sont les manuscrits dans l'écriture de l'histoire des cultures, des langues et des peuples de l'Islam fournirait "la preuve irréfutable d'une relation étroite interafricaine et Machrek-Maghreb, voire méditerranéenne dont on ne peut s'imaginer la consistance", a suggéré M. Bouterfa. L'importance des manuscrits a été également mise en avant lors d'une conférence animée par M. Mohamed Sahbi de l'Université d'Oran qui a proposé une étude bibliographique des documents émanant des zouias d'Adrar, de Boussaada et de Biskra. L'intérêt archéologique des gravures rupestres de la région de Taghit a aussi fait l'objet d'une communication produite par les chercheurs algériens Zoheir Belkedar et Tarek Ghodbani, tandis que la britannique Tamara Turner a abordé "les aspects dynamiques et esthétiques de la musique Diwan". D'autres conférences sont prévues lundi, à l'ultime journée de ce colloque international organisé par le CRASC en partenariat avec l'Université de Ghardaïa, l'Institut américain d'études maghrébines (AIMS) et l'Association de recherche sur l'Afrique de l'Ouest (WARA, Université de Boston, USA).