Le laboratoire des manuscrits de la civilisation islamique de l'Afrique du Nord relevant de la faculté des sciences humaines et de la civilisation arabo-islamique de l'Université d'Oran a procédé à l'indexation de plus de 800 manuscrits du fonds de manuscrits éparpillés à travers le pays. A ce propos, le responsable de ce laboratoire, le Dr Abdelmadjid Ben Naima, a indiqué que «les manuscrits indexés remontent à différentes époques de l'histoire de l'Algérie et traitent pour la plupart de la jurisprudence musulmane, de l'histoire, de la littérature, de la philosophie, de l'astrologie et des recherches en patrimoine». Ces recherches académiques ont notamment permis de mettre en évidence certains aspects de l'histoire de l'Algérie. 32 chercheurs de ce laboratoire créé en 2000 se sont attelés durant plusieurs mois à trouver ces fragiles trésors dans diverses régions du pays, particulièrement à Adrar, Timimoun et Tindouf. Cependant, le travail de ces chercheurs n'a pas été de tout repos. Bien au contraire, ils ont dû faire face à de nombreux écueils dont le principal est le refus des détenteurs de manuscrits, particuliers et zaouïas, de leur confier leurs fonds. Ce refus est souvent justifié par l'attachement aux manuscrits, qui représentent un héritage familial. Le laboratoire de restauration des manuscrits de la Bibliothèque nationale qui a rencontré le même problème, a essayé de le contourner en proposant aux détenteurs de manuscrits de les doter d'armoires de rangement adéquates en remplacement des «khezanate» inappropriées utilisées. De son côté, le Centre national du manuscrit à Adrar travaille également à la collecte, la restauration, la préservation et l'étude de ces rouleaux en papier, papyrus ou cuir sur lesquels les penseurs, les philosophes et exégètes ont couché le fruit de leurs travaux. Déplorant ce manque de collaboration, le Dr Ben Naima a estimé qu'il ne faut «nullement priver notre nation de connaître les différentes facettes de notre histoire et des sciences véhiculées par nos ancêtres dont le souci était de transmettre leur savoir aux générations à venir». Pour lever ces entraves, il a préconisé pour sa part l'organisation d'un concours national et l'institution d'un prix du meilleur manuscrit sur les plans de la forme et du contenu et celui de la meilleure enquête. Ces prix seront dotés d'importantes sommes d'argent afin d'encourager les propriétaires des manuscrits à les mettre au jour et en faire profiter tout un chacun en assurant leur entretien et leur conservation. On notera par ailleurs que certains de ces legs précieux se trouvent actuellement dans plusieurs pays, notamment le Maroc, l'Egypte, Oman, l'Arabie saoudite, la Turquie, la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis d'Amérique, la Pologne et le Japon. Les opérations d'exploitation et d'indexation des manuscrits, leur étude et leur présentation s'effectuent dans le cadre des recherches académiques et en les retenant comme thèmes de colloques nationaux et internationaux. D'éminents savants issus de pays où se trouvent ces manuscrits sont invités à ces rencontres afin d'exposer leurs recherches. C'est dans ce cadre que le laboratoire en question a initié, en collaboration avec d'autres instances, des séminaires à Oran, Tindouf, Adrar, Constantine et autres wilayas ayant permis d'étudier et de débattre des œuvres sur les manuscrits traitant de théologie, du soufisme, de l'histoire, des traductions et biographies des ulémas algériens et d'Afrique du Nord. Le même centre encourage les étudiants en post-graduation à réaliser des manuscrits tout en les informant des méthodologies scientifiques pour enquêter sur ce patrimoine à des fins de diffusion.