Face à la réduction des financements européens due à la crise financière, la coproduction cinématographique entre pays du Maghreb devient une nécessité "vitale" pour le 7e art dans la région, estiment des professionnels du cinéma qui mettent en avant l'harmonisation des législations et la création de fonds communs. Rencontrés par l'APS au 2e Festival du cinéma maghrébin qui prend fin mercredi à Alger, réalisateurs, acteurs et critiques sont unanimes à appeler à la mise en place de mécanismes "horizontaux" de production au Maghreb, surtout que la circulation des compétences entre ses pays est une "réalité établie" sur le terrain. Pour le cinéaste tunisien Mahmoud Ben Mahmoud, seule une "volonté politique" des pouvoirs publics au Maghreb peut pallier aux problèmes "chroniques" de la production cinématographique dans ces pays dont certains, comme la Tunisie, traversent une situation économique difficile, alors même que des budgets alloués aux films maghrébins en Europe se raréfient. Les "possibilités de coproduction" se trouvent également réduites, poursuit le cinéaste, en raison de l'introduction de "règles restrictives" par les producteurs européens, comme l'obligation d'utiliser la langue française pour tout film coproduit par le CNC (Centre national du cinéma et de l'image animée) en France. Ces règles s'accompagnent, en outre, d'une forme de "diktat implicite" des producteurs européens (français en particulier) sur le contenu des films, juge pour sa part, son compatriote et critique de cinéma Ikbal Zalila. Coopération sur le terrain, cadre légal toujours absent Il estime, par ailleurs, que la coopération maghrébine en matière de cinéma est "réelle" dans les faits, par la circulation des compétences (techniciens, acteurs, etc) entre les différents pays mais n'est pas suffisamment "opérante" et "visible" dans les mécanismes. Outre l' "absence de cadre légal" pour la coproduction, à l'exemple d'un fond commun, note l'acteur algérien Hassen Kechache, la coproduction au Maghreb ne peut être efficace sans la résolution des problèmes de distribution (salles de cinéma en premier lieu), communs aux pays de la région, s'accordent à dire les professionnels. La mise en place d'une "législation harmonieuse" entre les pays du Maghreb pour suivre la "volonté des professionnels" de travailler ensemble, doit impérativement s'accompagner d'une refonte du système de distribution et promotion des films, plaident-ils. Celle-ci pourrait se traduire par une plus grande implication des télévisions maghrébines, propose, de son côté, le cinéaste marocain Hassan Benjelloun qui préconise également des "encouragements" aux distributeurs maghrébins qui accepteraient de "promouvoir, chez eux, des £uvres de pays voisins". Pour lui, le 2e Festival maghrébin du cinéma aurait du être une occasion d'encourager la circulation des films en invitant des distributeurs, absents de cet événement culturel. Trente huit oeuvres, entre documentaires, longs et courts métrages, sont en compétition au 2e Festival maghrébin du cinéma.