Moscou a promis de riposter à la "dangereuse escalade" de violence près de sa frontière, mettant en garde Kiev contre de possibles "conséquences irréversibles" après la chute d'obus dans une ville russe frontalière de l'Ukraine qui dément être à l'origine de ces tirs. Dimanche, deux obus tirés depuis le territoire ukrainien ont explosé dans la cour de deux maisons à Donetsk, la petite ville russe de la région de Rostov (qui porte le même nom que la grande ville ukrainienne contrôlée par les rebelles), faisant un mort et deux blessés, selon Alexander Titov, porte-parole des autorités régionales de Rostov cité par des médias locaux. Moscou a réagi très rapidement. "En Russie, nous considérons cette provocation comme un acte d'agression supplémentaire de l'Ukraine" a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères. La Russie répondra avec "des actions fortes et spécifiques" après avoir enquêté sur les circonstances de l'attaque, a déclaré le ministre adjoint des Affaires étrangères, Grigori Karassine, à l'agence RIA Novosti. "Cela indique qu'il y a une escalade dangereuse à la frontière, qui représente un niveau de danger beaucoup plus élevé pour nos citoyens qui vivent sur le territoire de Russie", a-t-il dit. Kiev a aussitôt démenti être à l'origine de ces tirs d'obus. "Il n'y a aucun doute. Les forces ukrainiennes n'effectuent pas de tirs sur le territoire de la Fédération russe. Nous n'avons pas tiré", a annoncé le porte-parole du Conseil de sécurité nationale et de défense, Andriï Lyssenko. Les relations entre les deux pays demeurent très tendues. La Russie avait annoncé samedi "se réserver le droit de prendre toutes les mesures" nécessaires pour défendre son territoire après des tirs contre des gardes-frontières russes près de la frontière avec l'Ukraine attribués aux Ukrainiens. Kiev a de son côté dénoncé une "provocation" en accusant les Russes de tirer au mortier contre un de ses postes-frontières. Les combats se poursuivent sur le terrain Six personnes ont été tuées dans des affrontements meurtriers entre loyalistes et rebelles prorusses au cours des dernières 24 heures à Donetsk et huit autres à Mariinka, une localité de dix mille habitants également tenue par les rebelles et distante de 30 km à l'ouest, ont indiqué dimanche les services médicaux de la région. Six habitants ont trouvé la mort à Lougansk, autre place forte des insurgés, selon la mairie, tandis que le service de presse de l'"opération antiterroriste" ukrainienne signalait trois militaires tués et deux blessés lors de tirs dimanche matin. Compte tenu de la situation qui prévaut aujourd'hui en Ukraine, le chef de l'Etat, Petro Porochenko a jugé "impossible" d'assister à la finale du Mondial à Rio. Samedi encore, les autorités brésiliennes indiquaient qu'il était attendu, mais dans la nuit la présidence ukrainienne annonçait " qu'il lui est impossible d'assister à la finale de la Coupe du Monde". M. Porochenko a exclu ainsi une éventuelle rencontre avec le président russe Vladimir Poutine. Mais la question ukrainienne pourrait être évoquée malgré tout à Rio, M. Poutine devant y rencontrer la chancelière allemande Angela Merkel, très impliquée dans les efforts internationaux pour trouver une solution politique au conflit. Par ailleurs, les principaux responsables des Républiques autoproclamées de Donetsk et Lougansk ont été ajoutés samedi par l'Union européenne à la liste des personnalités ukrainiennes prorusses sanctionnées pour leur implication dans le conflit ukrainien. La décision d'ajouter ces noms avait été formalisée vendredi par les ambassadeurs des 28 pays de l'UE à Bruxelles. Ils s'ajoutent aux 61responsables russes ou ukrainiens prorusses déjà sanctionnés par des gels d'avoir dans l'UE et des interdictions de visas, "pour avoir commis des actes compromettant l'intégrité territoriale, la souveraineté et l'indépendance de l'Ukraine". Le renforcement des sanctions européennes intervient alors que les combats continuent de faire rage autre de Donetsk et Lougansk, que cherchent à encercler les forces du gouvernement ukrainien. Les forces de Kiev ont avancé cette semaine pour prendre position à une vingtaine de kilomètres de la ville de Donetsk. Les insurgés prorusses, qui disposent de blindés et d'artillerie ont proclamé leur intention de se défendre, tout en reconnaissant que leurs forces étaient inférieures en nombre et en matériel à celles des forces loyalistes, ces derniers ayant recours notamment à des frappes aériennes.