Vladimir poutine, en évoquant hier pour la première fois l'idée d'un "Etat" pour les régions rebelles de l'est de l'Ukraine face aux pressions des Occidentaux, a lancé un véritable pavé dans la mare. Lors d'une intervention à la télévision publique diffusée en Extrême-Orient et dont des extraits ont été cités par les agences russes, le président russe, a souligné la nécessité de "commencer immédiatement des discussions substantielles (...) sur des questions touchant à l'organisation politique de la société et la création d'un Etat pour le sud-est de l'Ukraine afin de protéger les intérêts légitimes des personnes qui y vivent". Pour les observateurs, il s'agit d'un nouvel élément de langage, qui vient se greffer aux déclarations de vendredi, où il a vanté les succès des séparatistes prorusses dans un message destiné "aux insurgés de Novorossia", la Nouvelle Russie, mot qu'il a utilisé après l'annexion de la Crimée en mars pour désigner plusieurs régions russophones de l'est et du sud de l'Ukraine. Son porte-parole Dmitri Peskov a nuancé ses propos, jugeant qu'il ne s'agissait "absolument pas" de donner le statut d'un Etat aux régions rebelles mais que l'Ukraine devait "prendre en compte les intérêt de la Novorossia", car la Russie prônait une "fédéralisation" pour les régions séparatistes orientales de Donetsk et de Lougansk. Ce fait nouveau s'imbrique sur un nombre d'autres, laissant augurer d'une nouvelle escalade de la tension russo-ukrainienne, en l'air depuis quelques jours, où les deux pays semblent si près d'un "point de non-retour" comme exprimé par le Premier ministre ukrainien pour désigner la guerre. Les bruits de bottes se font plus pressants à la frontière russo-ukrainienne, à moins d'une surenchère pour mobiliser plus d'aides occidentales, notamment de l'OTAN et l'UE, que l'Ukraine appelle de ses vœux. Les ingrédients sont réunis : les séparatistes prorusses préparent une nouvelle grande offensive dans l'est de l'Ukraine, les soldats russes font des incursions en territoire ukrainien et l'Union européenne qui lance un ultimatum d'une semaine à la Russie pour cesser ces actes d'hostilités envers ce pays, sous peine de nouvelles sanctions économiques. La crise ukrainienne, qui est sur le point provoquer un casus belli entre les deux pays, a franchi une nouvelle étape suite à la progression importante de rebelles ces derniers jours jusqu'aux villes stratégiques côtières du sud de la région séparatiste de Donetsk. Les insurgés qui contrôlaient désormais près de 50% du territoire des régions de Donetsk et de Lougansk après les récents succès de leur contre-offensive, ont dit se préparer à une nouvelle grande offensive contre les forces gouvernementales dans l'est de l'Ukraine, visant particulièrement le port stratégique de Marioupol, à près de 100 km au sud de leur bastion de Donetsk qui relie par la côte la frontière russe à la péninsule ukrainienne de la Crimée rattachée à la Russie en mars. Moscou est pour sa part accusé non seulement de soutenir les rebelles, mais aussi de s'être adonné à une incursion de 1000 soldats des troupes régulières russes, selon les estimations de l'Otan. Le président ukrainien Petro Porochenko a averti samedi à Bruxelles que l'Ukraine et la Russie étaient "proches d'un point de non-retour". "Et ce point de non-retour, c'est la guerre", a-t-il souligné. la Russie a beau démentir, mais pour les Ukrainiens et Occidentaux, la preuve de son implication est bel et bien là : l'Ukraine a capturé il y a une semaine dix parachutistes russes qui ont été échangés dimanche contre 63 soldats ukrainiens. Réagissant à cette escalade, les autorités pro-occidentales en Ukraine, en appellent à l'aide de l'ue, qui a désormais à sa tête, comme président du Conseil du Premier ministre polonais Donald Tusk, un partisan de la fermeté vis-à-vis de Moscou. Une tendance qui commence à se dessiner d'ores et déjà, dès la dernière réunion de l'Europe des 28, qui a exigé de la Russie de "retirer toutes ses forces militaires" de l'Ukraine et s'est dite hier prête à "prendre de nouvelles mesures significatives". La Commission européenne, qui est apparue jusque-là divisée sur les sanctions à prendre contre Moscou, a été chargée de préparer de nouvelles sanctions "en urgence", dans un délai d'une semaine. Mais, contrairement à l'Allemagne qui voulait que les sanctions puissent être prises dès mercredi, avant le sommet de l'Otan au Pays de Galles, quelques pays dont la Slovaquie s'y sont opposés en l'absence de précisions sur les secteurs concernés. Pour l'Italie, cela prendrait bien également l'aspect d'aide militaire, mais son avis ne fait pas l'unanimité auprès de ses pairs. A. R. Nom Adresse email