Le mouvement kurde turc PKK a exhorté lundi les Kurdes de Turquie à traverser la frontière pour combattre les éléments de l'Etat Islamique (EI) en Syrie alors que la Turquie continue à accueillir en urgence des dizaines de milliers de réfugiés kurdes sur son territoire fuyant les violences et les exactions du groupe extrémiste. "Le jour de gloire et d'honneur est arrivé. Il n'existe plus aucune limite dans la résistance", écrit le mouvement armé kurde de Turquie dans un communiqué qui parle de "mobilisation". Le document renouvelle un appel lancé aux jeunes Kurdes de Turquie pour aller combattre l'EI et contrecarrer son offensive contre la ville d'Aïn al-Arab, (Kobané en kurde), troisième agglomération kurde de Syrie située à la frontière turque. "Nous appelons notre peuple tout entier ainsi que nos amis à augmenter leur résistance au Kurdistan et à Kobané", encerclée par les éléments de l'EI, souligne le PKK. Dans des déclarations similaires faites aux médias, un dirigeant du PKK, Dursun Kalkan, a appelé "tous les Kurdes à réunir leur forces" pour combattre les extrémistes du groupe Etat Islamique. La Turquie continue d'accueillir des dizaines de milliers de kurdes La Turquie, qui partage une longue frontière de 900 km avec la Syrie, a déjà accueilli 1,5 million de personnes fuyant le conflit en Syrie depuis 2011, a ouvert vendredi sa frontière aux syriens qui ont commencé à quitter jeudi le secteur de la localité d'Aïn al-Arab. La poussée de l'EI dans la région d'Aïn al-Arab, troisième ville kurde de Syrie qui avait été relativement épargnée par le conflit en Syrie et quelque 200.000 déplacés syriens y avaient trouvé refuge, selon l'ONU, et le siège que ses homme armés ont imposé à la ville ont fait fuir un grand nombre d'habitants, principalement des Kurdes. Cette offensive a provoqué l'exode de plus 130.000 et leur nombre pourrait augmenter si l'offensive se poursuit, a déclaré lundi à Ankara le vice-Premier ministre turc Numan Kurtulmus, dont le pays "a pris toutes les mesures nécessaires au cas où l'afflux de déplacés se poursuivrait". "Nous sommes prêts pour le pire des scénarios. nous faisons tout pour accueillir les gens qui passent en Turquie", a ajouté M. Kurtulmus, souhaitant que ces réfugiés puissent retourner dans leurs foyers quand la paix sera rétablie. La frontière est ouverte au seul point de passage de Mursitpinar (sud-est, province de Sanliurfa) "afin de procéder à des contrôles d'identité et d'apporter les premiers soins, vacciner ces gens si nécessaire", a expliqué à Ankara la Direction de gestion des crises et catastrophes naturelles (AFAD). Face à cette poussée des éléments de l'EI, le président américain Barack Obama avait indiqué récemment qu'il mettrait à profit l'assemblée générale de l'ONU pour élargir la coalition internationale contre l'EI. Le 24 septembre, une réunion au sommet du Conseil de sécurité de l'ONU, sera consacrée à la "menace des jihadistes étrangers" opérant en Syrie et en Irak. "Nous prendrons la tête d'une vaste coalition de Nations qui ont un intérêt dans cette lutte", "et la semaine prochaine, aux Nations unies, je continuerai de rassembler le monde contre cette menace", a-t-il ajouté. Le président américain estime à plus de 40 le nombre de pays ayant proposé de participer à une "large campagne" contre l'EI avec des entraînements, des équipements, de l'aide humanitaire et des missions de combat aériennes. Sur le terrain, les combats font rage entre les éléments de l'EI, munis d'armes lourdes et de chars, et les combattants kurdes qui défendent leurs positions avec l'aide de "frères d'armes" déjà arrivés de Turquie. Les affrontements ont fait près de 70 morts dans les deux camps, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).