Des éléments de l'organisation autoproclamée "Etat islamique" (DAECH) continuaient jeudi leur progression vers la ville d'Aïn al-Arab (Kobané en Kurde) dans le nord de la Syrie, malgré les raids de la coalition internationale contre ses positions. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), "les jihadistes sont désormais à moins d'un kilomètre à l'est et au sud-est de Kobané et la ville est totalement asphyxiée" à l'exception de l'accès au nord. Mais, a-t-il ajouté, les combattants kurdes sont déterminés à mener des "batailles de rue" pour défendre Kobané (Aïn al-Arab en arabe), troisième ville kurde de Syrie située dans le nord. "Nous sommes prêts au combat", a affirmé un responsable kurde local, Idriss Nahsen, alors que Kobané est défendue par les Unités de protection du peuple (YPG), la principale milice kurde, dont les hommes sont moins bien équipés et bien moins nombreux que DAECH. Selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, "il y a de véritables craintes que l'EI puisse parvenir très bientôt à Kobané" car les combattants kurdes "sont inférieurs en nombre et en armement" et ont été forcés de se retirer de la ligne de front à l'ouest de Kobané afin de pouvoir défendre la ville même. Il a indiqué que le but de se retrait est de se préparer également à d'éventuelles "batailles de rue" au cas où les lignes de front défendues par les milices kurdes à l'extérieur de la ville seraient brisées. S'ils faisaient sauter le verrou de Kobané, les éléments de DAECH contrôleraient une longue bande territoriale continue au nord de la Syrie, le long de la frontière turque. L'assaut pour prendre Kobané a entraîné un exode massif de la population, au moins 160.000 personnes ayant traversé la frontière pour se réfugier en Turquie. Près de 70 villages ont été pris par l'EI sur le chemin menant à Kobané. DAECH gagne du terrain malgré l'offensive de la coalition Le progression de DAECH dans le nord de la Syrie, près de la frontière avec la Turquie, intervient malgré des raids de la coalition internationale menés contre ses positions dans ce secteur pour l'empêcher d'avancer en direction de Kobané, défendue depuis deux semaines par les forces kurdes, appuyées par un soutien aérien de la coalition internationale menée par les Etats-Unis. Les Etats-Unis, qui poursuivent également les frappes en Irak pour aider les troupes fédérales et kurdes à "repousser les terroristes", ont prévenu qu'il ne serait "ni facile, ni rapide" de venir à bout de ce groupe armé qui occupe de larges pans de territoires en Syrie et en Irak. Il y a eu au total plus de 300 frappes aériennes de la coalition "anti-djihadiste" en Irak et en Syrie depuis le lancement de cette campagne le 8 août. La coalition qui comprend également des pays arabes du Golfe (Arabie Saoudite, Emirats arabes unis, Bahreïn et Qatar) et la Jordanie a débuté ses raids en Syrie le 23 septembre, notamment contre les installations pétrolières sous contrôle de DAECH. L'objectif des frappes contre ces installations pétrolières est d'assécher l'une des principales sources de revenu de DAECH, mais ces raids portent néanmoins un coup destructeur aux infrastructures syriennes. Au moins douze raffineries controlées par l'organisation "Etat islamique" ont ainsi été détruites en Syrie. Le coût de l'offensive de la coalition contre DAECH en Irak et en Syrie s'est élevé à entre 780 et 930 millions de dollars (soit près d'un milliard de dollars) au 24 septembre, selon un décompte fait par le groupe de réflexion Center for Strategic and Budgetary Assessments. Le président américain Barack Obama a reconnu dimanche que les Etats-Unis ont "sous-estimé la menace de l'EI" ce qui a rendu la région, a-t-il dit, "un terrain propice à l'émergence de groupes extrémistes aussi dangereux que l'EI". La Turquie vote un texte pour intervenir contre DAECH Face à la menace grandissante de DAECH en Syrie et près de la frontière turque, le Parlement turc devait entamer ce jeudi le débat sur une motion autorisant le gouvernement à participer militairement à la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis et à laquelle prennent part à différents degrés une cinquantaine de pays. Le texte, qui devrait être largement approuvé, prévoit la possibilité de conduire des opérations en Irak et en Syrie, ainsi que le stationnement ou le passage en Turquie de soldats étrangers qui y prendraient part. Pour le président turc Recep Tayyip Erdogan, les frappes aériennes ne suffisent pas "pour venir à bout de l'EI". Jeudi, le chef emprisonné du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie) Abdullah Ocalan, a averti qu'une chute de la ville syrienne Kobané aux mains de Daech ferait échouer le processus de paix engagé avec Ankara pour régler le conflit kurde en Turquie. Dans ce contexte, les pays occidentaux craignent que de nombreux combattants étrangers (parmi des dizaines de milliers d'éléments de DAECH) ne reviennent dans leurs pays dans le but d'organiser des attentats alors que DAECH et Al-Qaïda ont menacé les pays de la coalition de représailles.