L'écrivain algérien Amin Zaoui se livre à réquisitoire sévère contre la société algérienne contemporaine dans "Al-Malika" (La reine), son dernier roman en langue arabe sur l'histoire d'amour entre un Chinois et une Algérienne. Dans ce livre de 232 pages, paru en Algérie chez El-Ikhtilaf, Amin Zaoui plaide en faveur de l'acceptation de "l'autre" (l'étranger, la femme...), symbolisé par You Tzu Tsen et Sekkoura, un couple sino-algérien en proie aux moqueries et aux médisances. Cette histoire d'amour contrariée et rejetée par ma société sert également de prétexte au romancier pour aborder des réalités politiques et économiques, et aux pesenteurs sociales dans l'Algérie d'aujourd'hui, à travers nombre de situations vécues par ses héros mais aussi à travers des personnages secondaires au destin parfois tragique. L'écrivain éclaire, par ailleurs, sur les conséquences des bouleversements récents subis par la société comme l'éclatement de la cellule familiale, le poids des années de la violence terroriste ou encore la bigoterie chez certains personnages de responsables politiques. Raconté par les deux principaux personnages, mais aussi par d'autres dans certains chapitres, le roman culmine dans une sorte de comédie noire sur la "décadence intellectuelle" de la société lorsque la tombe d'un Chinois assassiné est visitée comme un mausolée par des villageois qui croient honorer un saint. Egalement paru au Liban, "Al-Malika" se distingue des précédents romans d'Amin Zaoui qui a mis de côté la provocation et l'érotisme "débridé" pour aborder avec plus d'audace et de profondeur la faillite morale et intellectuelle d'une société dans son rejet de l'autre et son refus de la différence.