L'armée irakienne a réussi à reprendre le contrôle des villes tenues par l'organisation autoproclamée "Etat islamique" (Daech), alors qu'une "nouvelle étape" est annoncée après l'adoption par les forces gouvernementales d'une nouvelle stratégie militaire et le doublement du contingent américain en Irak. Depuis le début du mois de novembre, l'armée irakienne revendique des avancées dans la guerre l'opposant à Daech. Elle est notamment parvenue à reprendre le contrôle de la ville pétrolière de Baïdji, et réussi à pénétrer dans le centre-ville pour la première fois depuis le début de l'offensive visant à briser le siège de la raffinerie pétrolière voisine conquise par les éléments de l'organisation Daech. Après des mois de siège et la mise en place d'une nouvelle stratégie de prise en tenaille le mois dernier, les forces irakiennes ont pénétré par le Sud et l'Ouest dans la ville de 200.000 habitants tenue par les insurgés. Les forces gouvernementales prennent ainsi le contrôle du quartier d'Al Tamim et de 40% du centre-ville, d'après les autorités militaires. Obama annonce une "nouvelle étape" en Irak Barack Obama a annoncé dimanche qu' une "nouvelle étape" s'ouvrait en Irak où les Américains "ne veulent plus seulement stopper les jihadistes" mais "lancer une offensive" contre eux. Pour le président américain, l'envoi annoncé vendredi de 1.500 conseillers militaires supplémentaires en Irak marque l'entrée dans une "nouvelle étape" contre Daech. Cinquante soldats américains sont arrivés dans la province d'Al-Anbar, dans l'ouest de l'Irak, pour épauler l'armée irakienne dans sa lutte contre l'organisation autoproclamée EI, a indiqué le Pentagone en début de cette semaine. C'est la première fois que des troupes américaines sont déployées à Al-Anbar depuis que Washington a décidé d'envoyer des conseillers militaires en Irak. Parmi ce contingent, certains soldats assurent la sécurité des experts qui mènent l'évaluation de la base aérienne située en plein désert irakien. Ces conseillers supplémentaires commenceront à arriver en Irak dans les prochaines semaines, selon un responsable du Pentagone. Certains de ces conseillers militaires seront chargés de l'entraînement de 12 brigades irakiennes et aideront l'armée irakienne à planifier ses opérations, tandis que d'autres militaires seront déployés à travers tout le pays. Ces forces seront entraînées dans le nord, l'ouest et le sud de l'Irak, où les pays de la coalition internationale contre Daech "rejoindront le personnel américain" pour renforcer la capacité de l'armée irakienne. Engagement des pays voisins indispensable L'implication des pays voisins est cruciale pour la stabilisation de l'Irak. Al-Anbar, à l'ouest de Baghdad, est située le long de la frontière avec la Jordanie, qui fait partie de la coalition luttant contre Daech en Irak et en Syrie. Le souverain jordanien Abdallah II a rencontré le vice-président irakien Iyad Allawi pour discuter de la coordination entre les deux pays dans la lutte contre "les organisations terroristes". Par ailleurs, pour contrer l'offensive, lancée le 9 juin en Irak contre les groupes armés actifs dans ce pays, l'Iran a fourni des armes aux combattants kurdes et envoyé des conseillers militaires auprès des forces de Baghdad. "Face au terrorisme, il faut employer tous les moyens (...) l'Iran est prêt à mettre toutes ses capacités à la disposition de l'Irak", a déclaré le vice-président iranien, Es-Hagh Jahanguiri lors d'une précédente rencontre qui l'a réuni avec Nouri Al-Maliki, ancien premier ministre irakien. Le président irakien, Fouad Massoum, devait dans ce sillage effectuer mardi une visite en Arabie saoudite pour remettre les relation entre les deux pays sur les rails. Mort d'El-Baghdadi: le Pentagone dit ne pas pouvoir confirmer Le Pentagone (ministère de la Défense américain) a dit ne pas pouvoir confirmer des informations selon lesquelles le chef autoproclamé de l'organisation Daech Abou Bakr al-Baghdadi serait mort dans un raid aérien en Irak mais a suggéré que d'autres dirigeants d'un rang inférieur dans l'organisation ont pu être touchés. Des rumeurs et d'informations contradictoires circulaient selon lesquelles al-Baghdadi, aurait été blessé, voire tué, dans des raids de la coalition ayant visé vendredi dernier des dirigeants de l'organisation. "Il y a clairement de nombreuses informations contradictoires sur le sort de Baghdadi. Mais le plus important selon nous est que nous ne pouvons simplement pas confirmer son état actuel", a déclaré un porte-parole du Pentagone, le colonel Steven Warren. Le Pentagone a souligné que les frappes aériennes de vendredi avaient visé un rassemblement de dirigeants de l'EI dans la ville de Mossoul, dans le nord de l'Irak, entraînant les rumeurs sur la mort de Baghdadi. Les responsables américains sont actuellement en train d'examiner toutes les informations en leur possession mais le colonel Warren a suggéré qu'en fait ce sont "des responsables d'un rang inférieur sur le plan tactique" qui ont pu être touchés. "Il s'agissait d'un convoi de dix véhicules qui, nous avons de bonnes raisons de le croire, transportaient peut-être des chefs de guerre", a expliqué Steven Warren. La mort de Baghdadi signifierait une victoire majeure pour la coalition internationale menée par les Etats-Unis, qui a lancé en août une campagne de frappes aériennes pour repousser les extrémistes de Daech. Ceux-ci ont saisi de larges pans de territoires en Irak et en Syrie. Baghdadi, qui a proclamé fin juin un "califat" sur les vastes régions conquises en Irak et Syrie, est l'un des deux hommes les plus recherchés par Washington, qui offre dix millions de dollars pour sa capture.