Un hommage a été rendu mardi à Alger au cinéaste anti-colonialiste français René Vautier, célèbre par ses documentaires sur la guerre de libération de l'Algérie, disparu le 4 janvier dernier. Organisé par l'Association Michaal Echahid au forum du quotidien El Moudjahid cet hommage était l'occasion pour Ahmed Rachedi, qui l'a côtoyé, de rappeler l'engagement "indéfectible" de René Vautier pour la "défense" des peuples opprimés. L'engagement du cinéaste pour de la cause de l'indépendance de l'Algérie était d'autant plus fort qu'il avait choisi après sa sortie de prison, où il avait été détenu pendant plus de deux ans, de rejoindre le maquis algérien. Il a évoqué les convictions de René Vautier qui considérait la caméra comme la "meilleure arme de dénonciation" pour dénoncer l'oppresseur français, tout en y trouvant un "moyen efficace" de nourrir la mémoire collective. Ahmed Rachedi, membre de la délégation audiovisuelle du FLN historique, qui voit dans le cinéaste français son "mentor" a confié qu'il était venu au septième art grâce à René Vautier qui lui "mis (sa) première caméra entre les mains". Pour sa part le critique de cinéma Ahmed Bedjaoui est longuement revenu sur les oeuvres du cinéaste, dont "Afrique 50", "Algérie en flamme" ou encore " Avoir vingt ans dans les Aurès", et leurs impact sur le déroulement du processus de libération et sur la mémoire collective. Né le 15 janvier 1928 à Camaret-sur-Mer (Finistère), René Vautier avait soutenu la lutte armée pour l'indépendance de l'Algérie, en lui consacrant plusieurs de ses films. Après "Afrique 50", premier film français anticolonialiste interdit pendant 40 ans , René Vautier réalise "Une Nation, l'Algérie", un film sorti en 1954 juste après le déclenchement de la guerre de libération qui sera interdit et qui vaudra au cinéaste une condamnation pour "atteinte à la sûreté intérieure de la France". Début 1962, René Vautier retourne en Algérie et crée le Centre audiovisuel d'Alger, une structure destinée à former les futurs cinéastes et techniciens de l'Algérie indépendante qu'il dirigera jusqu'à son départ en 1966. Il réalise en 1963 "Un peuple en marche", un film qui fait le bilan de la guerre d'Algérie en retraçant l'histoire de l'ALN, avant d'obtenir en 1972 le Prix international de la critique du festival de Cannes pour "Avoir vingt ans dans les Aurès".