Les milices houthies qui contrôlent la capitale yéménite Sanaa depuis septembre dernier, ont sommé les forces politiques de chercher une sortie de crise, en fixant un ultimatum de trois jours après la démission de l'exécutif qui a plongé le pays dans un chaos constitutionnel. Les miliciens zaïdites, dits Houthis, dont le fief se trouve dans le nord du pays, sont entrés dans la capitale yéménite le 21 septembre après avoir rapidement surpassé les forces gouvernementales et ont depuis élargi leur influence au centre et à l'ouest du pays, à population majoritaire sunnite. Devant l'incapacité de déloger les Houthis de Sanaa, le gouvernement a annoncé sa démission le 22 janvier ce qui a conduit à un vide constitutionnel, faisant craindre le pire pour ce pays qui peine à sortir la tête de l'eau, trois ans après le départ de l'ex-président Ali Abdallah Saleh. Face au chaos qui règne, les milices houthies ont fixé dimanche un ultimatum de trois jours aux autres forces politiques, qui sont sommées de "combler le vide" créé par la démission de l'exécutif. Cet ultimatum a été annoncé au terme d'une réunion de trois jours à Sanaa, à laquelle a participé le parti de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, mais qui a été boycotté par les autres grandes formations politiques du pays. Faute d'une solution susceptible de combler le vide politique "la direction révolutionnaire se chargera d'arranger la situation de l'Etat", ont mis en garde les miliciens. Ces derniers et leurs alliés n'ont toutefois pas précisé les mesures qu'ils comptent prendre à la suite de la démission de l'ensemble de l'exécutif, et en l'absence des principaux protagonistes de la crise yéménite, dont l'influent parti islamiste sunnite Al-Islah et le parti socialiste yéménite (PSY), opposés à l'offensive des Houthis depuis l'an dernier. Les Houthis qui dénoncent notamment le projet de Constitution défendu par le gouvernement, ont cependant souligné leur soutien à "une transition pacifique" du pouvoir et ce sans la participation du président démissionnaire Abd Rabbo Mansour Hadi. --Efforts internationaux pour débloquer la situation-- Devant l'incertitude politique au Yémen, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al Arabi, a affirmé être en consultations avec plusieurs pays arabes pour examiner la possibilité de tenir une réunion extraordinaire du conseil ministériel. M. Al-Arabi avait eu mardi dernier un entretien téléphonique avec le ministre yéménite des Affaires étrangères, Abdallah Mohamed Assaidi, lors duquel ils ont évoqué la situation au Yémen, les efforts consentis par le représentant du secrétaire général des Nations unies, Jamal Ben Omar, et l'aide de la Ligue arabe aux Yéménites afin de sortir de cette crise. Selon le chef de l'organisation panarabe, le Yémen a demandé de temporiser la tenue de cette réunion. De son côté, le représentant onusien au Yémen Jamal Ben Omar poursuivait ses consultations avec les forces politiques du pays afin de faire appliquer l'accord politique du 21 septembre 2014 qui prévoyait un retrait des miliciens houthis de Sanaa. Les discussions ont été très intenses et ont vu notamment la participation des rebelles houthis, selon une source proche du dossier qui a évoqué de "profonds désaccords" sur la formation d'un "Conseil présidentiel" pour gérer les affaires du pays ou le retour au Parlement qui doit valider ou non la démission du président Hadi. D'après la même source, M. Ben Omar devait annoncer sous peu les résultats de ses consultations avec les différentes parties yéménites. Il a exhorté la milice houthie, à prendre des mesures "qui seraient dans le meilleur intérêt de tous les partis politiques et du peuple du Yémen". Outre les efforts du représentant onusien, des responsables gouvernementaux américains sont aussi "en communication avec diverses parties au Yémen", selon un porte-parole du Pentagone John Kirby. Il a estimé que "les Houthis auront certainement des raisons de vouloir parler aux partenaires internationaux et à la communauté internationale de leurs intentions et de la manière dont le processus va se dérouler". Washington s'est engagé à poursuivre sa lutte contre le réseau terroriste Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) en dépit du chaos qui règne au Yémen, mais craint que la confusion qui règne dans ce pays ne compromette les opérations de contre-terrorisme et de renseignement.