Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a demandé vendredi un accès humanitaire d'urgence au Nigeria et dans les pays voisins. "Au Niger, des combats ont éclaté la semaine dernière dans la ville de Bosso, près du lac Tchad, dans la région de Diffa, entre les forces armées nationales et les insurgés en provenance du Nigeria", a déclaré un porte-parole du HCR, Adrian Edwards, lors d'une conférence de presse à Genève. "S'en est suivie une série d'attaques contre des civils dans la ville de Diffa, notamment par des kamikazes", a-t-il précisé, soulignant que la peur et la panique provoquaient actuellement le déplacement d'une importante partie de la population de Diffa en direction de l'ouest du pays, vers la ville de Zinder. "A l'heure actuelle le HCR ne dispose pas de chiffres officiels concernant les personnes déplacées à l'intérieur au Niger, mais nous craignons que l'ampleur des déplacements soit élevée : avant les attentats, Diffa comptait une population de 50.000 personnes , aujourd'hui, la ville est pratiquement vide", s'est inquiété le porte-parole du HCR. Selon lui, plus de 100.000 personnes ont par ailleurs fui le Nord-est du Nigeria vers le Niger - aussi bien des réfugiés nigérians que des rapatriés nigériens - depuis que l'état d'urgence a été déclaré en mai 2013 dans les Etats nigérians d'Adamaoua, de Borno et de Yobe. "Au Cameroun, la situation est tout aussi préoccupante, et les rapports font état de meurtres, d'enlèvements et de violences brutales dans la région de l'Extrême-Nord près de la frontière avec le Nigeria", s'est alarmé M. Edwards. Depuis le début de l'année, plus de 9.000 réfugiés nigérians ont fui vers le Cameroun où ils ont été placés dans le camp de réfugiés de Minawao, a précisé le porte-parole. Au total, a-t-il estimé, plus de 40.000 réfugiés nigérians résident actuellement dans la région de l'Extrême-Nord, dont 32.000 à Minawao. Au Tchad, enfin, où environ 3.000 réfugiés nigérians avaient été dénombrés fin 2014, 15.000 réfugiés supplémentaires ont été accueillis en 2015, fuyant les attaques contre les installations militaires et la population civile dans la ville de Bagakawa, au nord-est du Nigeria, selon M. Edwards. Le porte-parole a réclamé aux différents pays impliqués un accès humanitaire d'urgence aux réfugiés et aux personnes déplacées. Selon le HCR, les violences dans le nord-est du Nigeria ont provoqué au total le déplacement de plus de 157.000 personnes vers le Niger (100.000), le Cameroun (40.000) et le Tchad (17.000), et de près d'un million de personnes à l'intérieur du Nigeria.