Les négociations entre les parties en conflit au Soudan du Sud se sont achevées sans parvenir à un accord de paix alors que le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté récemment, à l'unanimité, une résolution prévoyant le principe de sanctions contre les belligérants. La médiation de l'organisation intergouvernementale Est-africaine Igad avait donné aux chefs des deux camps rivaux, le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar, jusqu'au jeudi 5 mars, pour s'entendre. Une ultime prolongation, de quelques heures vendredi matin, n'a rien donné. Le 23 février, à l'ouverture de cette 8e session de négociations en un peu plus d'un an, Seyoum Mesfin, le médiateur de l'Igad, avait estimé que ces pourparlers étaient ceux de la "dernière chance". Au nom de l'Igad, le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, a déploré le fait que "les discussions n'ont pas débouché sur les progrès nécessaires". "Les conséquences de l'inaction, c'est la poursuite de votre souffrance à vous, peuple du Soudan du Sud, et d'une guerre absurde dans votre pays", a dit le Premier ministre éthiopien dans une déclaration adressée à la population sud-soudanaise. Un échec "inacceptable" "C'est inacceptable, à la fois moralement et politiquement", a encore dit Hailemariam Desalegn après l'échec des pourparlers, soulignant avoir demandé à MM. Kiir et Machar d'"être courageux et d'offrir des compromis et alternatives, plutôt que de camper sur leurs positions". Les dirigeants de la région et du monde se sont joints à cet appel", a-t-il poursuivi. Hailemariam Desalegn a estimé que le processus de paix, entamé un mois après le début du conflit il y a 15 mois, devait désormais recevoir une nouvelle impulsion. Il a promis un "plan", à élaborer avec d'autres pays africains et au-delà, pour sortir de la crise. Les deux camps ont déjà signé plusieurs cessez-le-feu, tous rompus au bout de quelques heures ou quelques jours. A l'origine du blocage des discussions de paix, les modalités d'un accord de partage de pouvoir entre Riek Machar et Salva Kiir, a-t-on indiqué. Menaces de sanctions L'échec des discussions de paix intervient alors que pour la première fois cette semaine, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté, à l'unanimité, une résolution prévoyant le principe de sanctions. La communauté internationale a à plusieurs reprises ces derniers mois brandi la menace de sanctions contre les belligérants. Mais, face à la réticence de la Chine notamment, qui détient d'importants intérêts pétroliers au Soudan du Sud, elle n'avait jusque-là jamais franchi l'étape de la résolution. Le Conseil de sécurité se donne désormais la possibilité de geler les avoirs de ceux qui menacent la stabilité du pays, se rendent coupables d'exactions ou entravent l'aide humanitaire, et de leur interdire de voyager. Un comité doit néanmoins désigner ultérieurement les individus à sanctionner. Le Soudan du Sud, indépendant du Soudan depuis juillet 2011, est ravagé depuis le 15 décembre 2013 par un conflit armé, qui à l'origine opposait une faction de l'armée fidèle au président Kiir à une autre loyale à Riek Machar. Depuis, une vingtaine de groupes armés et de milices ont rejoint le conflit, qui a été marqué par des atrocités à caractère ethnique et a conduit le pays au bord de la famine. Aucun bilan officiel n'est disponible, mais des observateurs parlent de dizaines de milliers de morts. Plus de deux millions de personnes ont aussi été chassées de chez elles par les combats, trouvant refuge dans des bases de l'ONU au Soudan du Sud ou dans des pays voisins.