Le président sud-soudanais Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar se sont engagés dans la nuit de dimanche à lundi à un nouveau cessez-le-feu, sans s'entendre sur un règlement définitif du conflit qui ravage leur pays depuis 13 mois, a annoncé le médiateur. «Nous attendons une complète cessation des hostilités au Soudan du Sud ce matin», a affirmé devant la presse Seyoum Mesfin, médiateur en chef dans les pourparlers de paix que supervise l'organisation intergouvernementale est-africaine Igad. Il s'agit du septième cessez-le-feu en un an que signent les deux hommes. Tous les précédents ont été violés dans les heures suivant leur adoption. L'Igad, qui a déjà dans le passé menacé de sanctions MM. Kiir et Machar sans jamais passer à l'action, promet cette fois de faire remonter toute violation du cessez-le-feu au Conseil de sécurité de l'ONU et au Conseil de paix et sécurité de l'Union africaine et de leur demander alors de prendre des «mesures sévères» contre leurs auteurs, selon Seyoum Mesfin. Après quatre jours de négociations laborieuses dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba, MM. Kiir et Machar ne sont pas parvenus à s'entendre sur l'accord de règlement de conflit proposé par l'Igad et prévoyant un partage du pouvoir entre les deux hommes. «C'est un accord partiel parce que nous n'avons pas résolu certains des problèmes les plus critiques», a déclaré Riek Machar après la signature, évoquant des désaccords sur «la structure du gouvernement de transition» à mettre en place et le partage des responsabilités au sein du gouvernement. Les négociations reprendront le 20 février et l'Igad donne aux belligérants une dernière chance, jusqu'au 5 mars, pour parvenir à un accord définitif. Une guerre civile émaillée de massacres interethniques ravage depuis décembre 2013 le jeune Soudan du Sud. Les combats avaient éclaté dans la capitale Juba alors que Kiir accusait Machar de tentative de coup d'Etat. Les affrontements opposant une faction de l'armée fidèle à Salva Kiir à des mutins loyaux à Riek Machar se sont depuis étendus à tout le pays et ont fait des dizaines de milliers de morts. Y participent désormais aussi une vingtaine de groupes armés. Les médiateurs de l'Igad, qui en sont à leur 8e sommet pour tenter de résoudre la crise sud-soudanaise, n'ont pas caché dans la nuit de dimanche à lundi leur lassitude de voir le conflit s'enliser. «Ce n'est pas ce que le peuple du Soudan du Sud attend de ses dirigeants après des années de lutte», a lancé à l'adresse de MM. Kiir et Machar le président kenyan Uhuru Kenyatta. Le Soudan du Sud a acquis son indépendance du Soudan en 2011 après des décennies de lutte armée. «Un échec (à parvenir à un accord) aura de graves conséquences pour nous tous et particulièrement pour les dirigeants du Soudan du Sud», a renchéri le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn. En signant leur nouvel accord de cessez-le-feu, Salva Kiir et Riek Machar ont échangé une poignée de main sous les applaudissements des officiels présents. Mais le président sud-soudanais, visage fermé, a quitté la salle sans faire de déclaration.