Le Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, s'est dit lundi soir favorable «en dernier recours» à des sanctions contre le Soudan du Sud si les pourparlers de paix entre factions rivales à Addis-Abeba n'aboutissent pas. «Si nous échouons à trouver un accord au cours du prochain sommet, les médiateurs de l'Igad (organisation est-africaine) ont dit qu'il y aura des actions fortes et cela inclus des sanctions», a dit Hailemariam Desalegn, au cours d'une conférence de presse à Addis-Abeba. L'Ethiopie, qui accueille les négociations dans sa capitale, a un rôle prépondérant dans la tentative de résolution du conflit chez son voisin, le Soudan du Sud. Une nouvelle session de pourparlers s'est ouverte le 18 décembre à Addis-Abeba pour tenter de mettre fin au sanglant conflit qui oppose depuis un an le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar. Ces négociations ont cependant été suspendues pendant la période de fêtes de fin d'année. L'organisation régionale qui mène la médiation, l'Igad, propose un partage du pouvoir entre les deux camps, avec la formation d'un gouvernement de transition. «Il n'y a toujours pas d'accord entre les parties sur une structure de gouvernement, c'est vrai, mais cela ne veut pas dire que les négociations se sont effondrées», a insisté Hailemariam Desalegn, exprimant sa «frustration» face à des discussions qui n'avancent pas, mais souhaitant que d'éventuelles sanctions contre Salva Kiir et Riek Machar ne soient prises qu'en «dernier recours». Le conflit a éclaté le 15 décembre 2013 par des combats au sein de l'armée sud-soudanaise, minée par des antagonismes politico-ethniques dans un contexte de rivalité à la tête du régime entre le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar. Les affrontements se sont rapidement propagés à d'autres régions du pays et ont déclenché un cycle incontrôlable de massacres et atrocités entre Dinka et Nuer, les deux principaux peuples du pays auxquels appartiennent respectivement Kiir et Machar. Au moins 50 000 personnes ont péri, selon l'International Crisis Group (ICG), bien qu'aucun bilan officiel ne soit disponible. Près de deux millions de personnes ont été chassées de chez elles et la moitié des 12 millions d'habitants ont besoin d'aide pour survivre, selon l'ONU et les organisations humanitaires, qui estiment que la famine continue de menacer le pays.