Unis) - L'ONU veut se donner un an pour améliorer l'efficacité de la Mission conjointe ONU-Union africaine au Darfour (MINUAD) avant de décider éventuellement d'un retrait. "Si la situation politique et sécuritaire ne change pas et que l'efficacité de la mission ne s'améliore pas, (...) des décisions difficiles sur l'avenir de la MINUAD seront nécessaires", indique un rapport spécial du secrétaire général Ban Ki-moon adressé au Conseil de sécurité. En revanche, si la mission devient "nettement plus efficace", l'ONU se contentera de continuer à réduire ses effectifs civils et militaires déployés dans cette vaste région de l'ouest du Soudan en proie à des violences. Le Conseil de sécurité devra encore entériner ces recommandations. La mission a déjà annoncé il y a une semaine la suppression de 770 emplois civils, alors qu'elle subit des pressions croissantes des autorités soudanaises pour se retirer et que ses relations avec Khartoum se sont détériorées. Déployée depuis 2007 et forte de quelque 15.000 policiers et militaires et 4.000 civils, la Minuad est l'une des plus importantes missions de maintien de la paix dans le monde. Le rapport de M. Ban détaille une série d'objectifs et de recommandations pour rendre la mission mieux à même de remplir son mandat, c'est-à-dire la protection des civils et la sécurisation de l'aide humanitaire destinée au Darfour. Cette province est secouée par des violences depuis le soulèvement en 2003 de rebelles contre le pouvoir central et les élites arabes. Ainsi, note le rapport, "il est nécessaire que la force se déplace régulièrement et manifeste sa présence par une mobilité accrue, qu'elle dialogue avec la population locale, protège les civils et facilite la livraison de l'aide humanitaire sur un rayon d'action étendu". Le rapport réclame aussi "une vision stratégique plus claire fondée sur une analyse intégrée de la situation au Darfour", des priorités mieux définies et un contrôle plus strict des résultats obtenus sur le terrain. M. Ban recommande que ces améliorations soient appliquées "pendant une période d'un an (...) afin que leurs effets se fassent sentir". Les tensions entre Khartoum et la mission ont émergé autour d'une demande onusienne d'enquêter sur des accusations de viols attribuées à des militaires soudanais au Darfour en octobre dernier. Un premier round de discussions autour du départ de la MINUAD a eu lieu le 19 février et de nouvelles rencontres entre les deux parties sont prévues en mars. Selon l'ONU, au moins 300.000 personnes sont mortes et 2 millions ont dû fuir le Darfour depuis 2003.