Quatre civils ont péri dans des combats entre des rebelles et l'armée soudanaise qui leur a repris une ville stratégique du Darfour, une région de l'ouest du Soudan en proie aux violences, a indiqué la mission de paix conjointe Union africaine-ONU au Darfour (Minuad). Peu avant, un responsable de l'ONU avait demandé à Khartoum un accès immédiat de ses équipes humanitaires à ce secteur, dans le Darfour-Sud, où des milliers de personnes sont affectées par les combats depuis dix jours. Les forces gouvernementales ont pris le contrôle de la ville de Labado après des combats acharnés qui ont fait quatre morts et six blessés, tous civils, a déclaré Aicha Elbasri, porte-parole de la Minuad. Une faction de l'Armée de libération du Soudan (rebelles du Darfour) avait affirmé, avant-hier matin, avoir résisté à une attaque gouvernementale pour reprendre Labado, et affirmé qu'elle contrôlait toujours également la localité proche de Muhagiriya. La faction Minni Minnawi de l'ALS s'était emparée le 6 avril de Muhagiriya et Labado, des localités situées à 100 km à l'est de Nyala, chef-lieu du Darfour-Sud. La situation à et autour de Muhagiriya, bien que relativement calme, demeure tendue, a indiqué Mme Elbasri, ajoutant que les civils blessés à Labado étaient soignés dans une base locale de la Minuad. L'ONU a indiqué la veille que les organisations humanitaires avaient été prévenues par Khartoum que l'accès à la région n'était pas sûr. Le coordinateur de l'ONU pour le Darfour, Ali Al-Zaatari, citant des chiffres officiels, a indiqué, avant-hier, que quelque 36 000 personnes s'étaient réfugiées autour des bases des casques bleus à Muhagiriya et Labado. Selon M. Zaatari, qui s'est dit sérieusement inquiet du sort des civils dans cette région, les rapports reçus par l'ONU font état de nombreux cas de diarrhée parmi les enfants qui requièrent une aide immédiate. M. Zaatari a donc souligné que l'accès des travailleurs humanitaires était nécessaire et a pressé les autorités et la faction Minni Minnawi de l'ALS d'assumer leurs responsabilités pour protéger les populations civiles. Pour Mark Cutts, chef au Soudan du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), les derniers combats constituent un revers pour tous ceux qui travaillent à construire la paix et remettre le Darfour sur la voie du développement. Mais, a-t-il voulu souligner, certains secteurs de cette région sont relativement stables et donc propices à la reconstruction. Une conférence internationale sur le Darfour a réuni le 8 avril 3,6 milliards de dollars pour un plan de développement de cette région, dont plus de 2,5 mds USD à la charge du gouvernement de Khartoum. En 2003, des tribus se sont soulevées contre Khartoum pour dénoncer la domination économique et politique des élites arabes, déclenchant un conflit long et dévastateur. Même si la violence a nettement baissé ces dernières années, les affrontements se poursuivent entre rebelles et soldats, de même que les accrochages entre tribus rivales, les enlèvements et les vols.