Le conflit en Syrie entre dans sa cinquième année, faisant quelque 210.000 morts et plus de 10 millions de déplacés et de réfugiés, et la situation s'est dégradée davantage avec la montée en puissance de groupes terroristes, malgré les efforts internationaux pour imposer un règlement politique à la crise. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins à travers le pays, a comptabilisé entre mars 2011 et février 2015 la mort de 210.060 personnes, parmi lesquels 65.146 civils dont 10.664 enfants. Le bilan, souligne l'OSDH, "est certainement plus élevé (...) en raison du grand nombre de disparus dont on ignore le sort". Selon l'ONG, il faut aussi ajouter 20.000 personnes dans les prisons qui sont considérées comme disparues. Des milliers de personnes sont prises en otages par des groupes, notamment par l'organisation autoproclamée Etat islamique (Daech/EI), qui sème la terreur dans les territoires qu'il contrôle. Une situation humanitaire catastrophique Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), 60% des quelque 23 millions de Syriens sont touchés par la pauvreté (septembre 2014). D'après ses derniers chiffres (mars 2015), la Turquie accueille plus de 2 millions de réfugiés et selon le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), 1,1 million de personnes sont réfugiées au Liban, soit un quart de la population. 618.000 Syriens se sont réfugiés en Jordanie, 225.000 en Irak et 137.000 en Egypte. Les réfugiés font face à la pauvreté, à des problèmes de santé et des tensions croissantes avec les communautés locales où ils vivent dans des structures provisoires et des conditions extrêmement difficiles. Selon l'Unicef, entre 2,1 et 2,4 millions d'enfants ne peuvent aller à l'école en raison de l'insécurité (janvier 2015). Selon des experts, le conflit a fait revenir trois décennies en arrière l'économie du pays, où la moitié de la population est au chômage et la majorité des infrastructures détruites. D'après le responsable du Fonds monétaire international (FMI) au Moyen-Orient, "le PIB s'est contracté de plus de 40%". Le montant des destructions dues à ce conflit s'élève à quelque 31 milliards de dollars. Le pays a aussi vu sa production pétrolière s'effondrer de 96% (officiel). Des négociations au point mort Après quatre années de conflit, déclenché le 15 mars 2011, toutes les tentatives visant à lancer un processus de négociations pour aboutir à une transition politique dans le pays et une solution pacifique ont toutes échoué, notamment Genève I et II (juin 2012 et février 2014). Fin janvier 2015, des pourparlers entre une trentaine d'opposants, notamment des représentants du Comité de coordination nationale pour les forces du changement démocratique (CCND), et une délégation de Damas, n'avaient pas permis d'avancées concrètes, si ce n'est la signature d'un accord pour de nouvelles négociations. Ils avaient abouti également à un accord de principe sur un texte appelé les "principes de Moscou", dix points très généraux établis par le modérateur des pourparlers, l'expert russe Vitaly Naoumkine. Ces "principes de Moscou" stipulent notamment le "respect de la souveraineté de la Syrie, son unité et son intégrité territoriale", "la lutte contre le terrorisme international", "le règlement de la crise syrienne par des moyens politiques et pacifiques conformément aux principes du communiqué de Genève du 30 juin 2012", le rejet de toute ingérence étrangère et la levée des sanctions contre la Syrie. Au mois d'avril prochain, des émissaires de Damas et une partie de l'opposition syrienne se retrouveront à nouveau dans la capitale russe, deuxième volet des pourparlers. "Des représentants d'une partie plus large de l'opposition syrienne" devraient participer à cette nouvelle rencontre, selon, Alexandre Loukachevitch, le porte-parole du ministère russe. La Coalition nationale syrienne, l'opposition en exil, qui n'avait pas participé à la première rencontre en janvier, "envisage de venir à Moscou", a affirmé de son côté le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov. L'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, y participera également, a-t-il précisé. Il s'agissait des premières discussions de membres de l'opposition avec des responsables du régime depuis l'échec des pourparlers de Genève II en février 2014.