Le chef de l'opposition syrienne a rencontré mardi le ministre russe des Affaires étrangères pour persuader Moscou de faire pression sur le régime de Damas, son allié, afin qu'il accepte la mise en place d'un gouvernement de transition.La rencontre entre le chef de la Coalition de l'opposition syrienne Ahmad Jarba et Sergueï Lavrov s'est tenue alors que des négociations de dix jours à Genève, organisées à l'initiative de la Russie et des Etats-Unis, se sont achevées vendredi sans résultat concret.Aucun cessez-le-feu n'a été proclamé, la mise sur pied d'un gouvernement transitoire n'a pas été abordée et même l'acheminement d'une aide alimentaire aux assiégés de la vieille ville de Homs a fait long feu. Peu d'éléments ont filtré de la rencontre entre les deux hommes. «J'estime que la discussion d'aujourd'hui sera extrêmement utile pour clarifier les approches afin de faire avancer le processus de Genève», a déclaré M. Lavrov, cité par l'agence Interfax.Dans une interview à la radio Golos Rossii (la voix de la Russie) donnée avant son entrevue avec M. Lavrov, M. Jarba a insisté sur la nécessité de former un gouvernement de transition pour mettre fin au conflit qui a fait plus de 136.000 morts et des millions de réfugiés et déplacés depuis mars 2011. «Organe dirigeant de transition» «La principale tâche au prochain round de négociations à Genève est la création en Syrie d'un organe dirigeant de transition», a-t-il déclaré.«Les Etats-Unis, la Russie et la communauté internationale doivent faire pression sur le régime syrien pour qu'il remplisse toutes les exigences de Genève-1. Nous voulons en parler en détail et ouvertement avec le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov», a-t-il poursuivi.Il a indiqué que l'opposition disposait déjà d'une liste de candidats pour ce gouvernement de transition.«Mais nous sommes prêts à faire preuve de souplesse sur les candidatures et nous sommes prêts au dialogue. Nous comprenons que cette liste doit être approuvée par les deux parties», a-t-il dit.Les pourparlers doivent reprendre le 10 février mais Damas n'a pas confirmé sa participation à cette nouvelle session de négociations.«Nous n'avons aucun doute sur le fait que la délégation gouvernementale (syrienne) participera au second round de négociations inter-syriennes à Genève», a toutefois assuré mardi le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov, cité par l'agence officielle Itar-Tass.Lors de ses entretiens avec M. Lavrov, M. Jarba a souligné que l'opposition avait pour sa part «fermement» décidé de participer à ces nouveaux pourparlers.«Nous avons déjà annoncé notre décision de participer au second round le 10 février», a-t-il déclaré, cité par l'agence officielle Itar-Tass. «Nous l'avons annoncé en dépit du fait que lors du premier round de négociations inter-syriennes des meurtres à l'aide de barils d'explosifs ont continué à être commis en Syrie», a-t-il ajouté.Dernier événement en date, au moins 26 personnes, ont été tuées lundi dans de nouveaux bombardements de l'armée syrienne sur la ville d'Alep (nord), menés à l'aide de barils d'explosifs lancés depuis des hélicoptères, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).Lors d'une conférence de presse à Genève la semaine dernière, M. Jarba a affirmé que M. Lavrov, lui avait dit lors d'une rencontre à Paris que la Russie, soutien indéfectible au régime de Damas, «n'était pas attachée» au président Bachar al-Assad.Moscou avait toutefois à maintes reprises insisté sur le fait que le départ de M. Assad du pouvoir ne devait pas être posé comme une condition préalable à une solution politique au conflit. Un compromis sur l'Iran? Autre point d'achoppement entre la Russie et les alliés occidentaux et arabes de l'opposition syrienne, la participation de l'Iran aux négociations de paix. Les rebelles s'y sont opposés en raison des liens entre la République islamique et le régime d'Assad.Mais une source diplomatique a indiqué au quotidien russe Kommersant publié mardi que les Etats-Unis avaient, en marge de la Conférence de Munich ce week-end, proposé que l'Iran, l'Arabie saoudite et la Turquie se joignent à un round de négociations qui auraient lieu en même temps que les pourparlers de Genève.