Le conflit en Syrie entre dans une «phase difficile» notamment à l'approche de la présidentielle contestée par l'Occident et le blocage des négociations de paix parrainées par l'ONU qui insiste sur le communiqué de Genève comme seule référence pour un règlement politique de la crise. La situation en Syrie est «très difficile mais pas désespérée», a déclaré le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie Lakhdar Brahimi, qui vient de donner sa démission, affirmant qu'«il n'y a pas de raison de baisser les bras». Il a souligné à la presse après son dernier exposé devant le Conseil de sécurité des Nations unies, réuni à huis clos, que «le communiqué de Genève restait au centre» des efforts de paix. Ce texte prévoit une transition politique en Syrie, mais les deux camps n'ont pas réussi à s'accorder sur les moyens de l'appliquer lors de leurs pourparlers en janvier et février à Genève. Deux sessions de pourparlers de paix entre le gouvernement syrien et l'opposition ont eu lieu à Genève sous la houlette de Brahimi. La deuxième s'est terminée mi-février sans qu'une date pour une nouvelle session de pourparlers soit fixée. M. Brahimi a également jugé «intéressant» un «plan» que l'Iran lui a suggéré lors de sa dernière visite à Téhéran et qui comporte quatre points : cessez-le-feu, «formation d'un gouvernement d'unité nationale», «révision de la Constitution qui limiterait les pouvoirs du président» et élections présidentielle et législatives. Les Iraniens étaient prêts, si ce plan avait été accepté par le Conseil de sécurité, à essayer de retarder l'élection présidentielle syrienne du 3 juin mais «c'est désormais trop tard», a expliqué M. Brahimi. L'ONU avait vivement critiqué la décision de Damas de tenir l'élection présidentielle prévue le 3 juin, dont le président Bachar Al Assad est donné favori. Cette élection est «incompatible avec l'esprit et la lettre du communiqué de Genève» sur une transition démocratique en Syrie, a jugé l'ONU. Hier, l'ambassadeur russe à l'ONU Vitali Tchourkine a déclaré que la délégation de son pays auprès du Conseil de sécurité avait déposé dans la nuit un projet d'une résolution «pour redynamiser le processus du règlement politique de la crise syrienne», précisant que le texte «se focalise sur les aspects humanitaires». Le projet appelle également au retour aux pourparlers de paix entre le gouvernement syrien et l'opposition. «Le gouvernement syrien est près à un troisième round des négociations de Genève, c'est l'opposition qui dit ‘non', c'est pour cela que le Secrétaire général de l'ONU doit fixer la date pour un troisième round», a fait remarquer le diplomate russe. L'armée syrienne domine Le gouvernement syrien a réalisé ces derniers jours, suite à un accord avec une coalition de rebelles, une grande victoire sur le terrain avec la reprise de la majeure partie de Homs, troisième grande ville du pays et fer de lance des rebelles armés. Lundi, un autre accord a été également conclu entre le gouvernement et des rebelles sur la libération de 1500 familles détenues à Adra, près de la capitale Damas par les insurgés en échange de vivres. Par ailleurs, plus de 100 000 civils ont fui leurs villages dans la province syrienne de Deir Ezzor (est) en raison de violents combats entre groupes armés rivaux ayant fait 230 morts parmi les insurgés en dix jours, selon l'OSDH. L'exode par dizaines de milliers de la population a commencé le 30 avril, après l'intensification des affrontements entre le groupe armé de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) et le Front Al Nosra dans la province de Deir Ezzor, a-t-on indiqué. Le conflit syrien a fait plus de 150 000 morts, 6,5 millions de déplacés et quelque 2,6 millions de réfugiés depuis mars 2011, selon les Nations unies. A la recherche d'un nouveau médiateur Le Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a reconnu, après la démission du médiateur international Lakhdar Brahimi, qu'il lui faudrait «du temps pour trouver la personne qui convient». «Il nous faudra aussi réfléchir très sérieusement à une ligne de conduite», a-t-il ajouté. Le Secrétaire général a en outre déclaré que «c'est avec un profond regret que j'ai décidé d'accepter la demande de M. Brahimi de quitter ses fonctions le 31 mai 2014», rendant hommage à «la patience et la persévérance» de ce diplomate algérien. M. Brahimi a démissionné mardi de son poste de médiateur international en Syrie après moins de deux ans d'efforts inlassables salués par la communauté internationale et l'ONU, malgré la persistance du conflit dans ce pays. Il s'est dit «très triste de quitter son poste, et la Syrie, dans une si mauvaise situation».