Plus de 210.000 Syriens ont été tués et des millions d'autres ont quitté leurs foyers en quatre ans de conflit qui ensanglante la Syrie, un bilan effarant qui démontre l'incapacité de la communauté internationale à imposer une solution capable de mettre fin à la crise. Les Nations unies ont dénoncé cette semaine l'"inacceptable" coût humain du conflit syrien, qui entre ce dimanche dans sa cinquième année, et ont pressé les dirigeants mondiaux à mettre de côté leurs "différences" pour mettre fin aux souffrances du peuple syrien. "La crise effroyable en Syrie entre dans une cinquième année. Une crise qui continue d'exiger un coût humain inacceptable. Une crise que la communauté internationale a échoué à arrêter", avaient indiqué dans une déclaration commune huit hauts responsables de l'ONU. Parmi les responsables onusiens, la dirigeante des opérations humanitaires, Valérie Amos, la directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé, Margaret Chan, le haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés, Antonio Guterres, et le directeur du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) ont appelé les dirigeants mondiaux à "mettre de côté leurs différences" et "user de leur influence pour apporter des changements significatifs en Syrie". Ils ont souligné la nécessité de "presser les parties à cesser les attaques aveugles contre des civils, d'obtenir la levée des sièges alors que plus de 212.000 personnes sont toujours assiégées ou de permettre la livraison d'aide médicales et chirurgicales d'urgence". Jeudi, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a exhorté le Conseil de sécurité à prendre des "mesures résolues" pour mettre fin à ce conflit. Mais le Conseil ne parvient toujours pas à présenter un front uni sur la manière de ramener la paix dans ce pays. Cet appel de M. Ban rejoint celui lancé jeudi par de grandes ONG à l'occasion du quatrième anniversaire du début du conflit, qui a éclaté le 15 mars 2011. --La communauté internationale au banc des accusés-- Quelque 21 organisations de défense de droits de l'Homme ont accusé la communauté internationale d'avoir "trahi ses idéaux" en n'ayant pas atténué la souffrance des millions de civils dont la vie a été bouleversée par quatre années de guerre. Dans un rapport intitulé "Echec coupable en Syrie", elles ont critiqué l'incapacité des Etats à faire appliquer une série de résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU visant à protéger les civils et prévoyant un plus grand accès à l'aide humanitaire pour des millions de Syriens. Les violences ont contraint plus de la moitié de la population en Syrie (11,2 millions) à quitter leurs foyers, donnant lieu à ce que l'ONU présente comme la pire crise de réfugiés en 20 ans. Selon le Haut commissariat des Nations unies aux Réfugiés (HCR) des millions de réfugiés syriens endurent des situations qui se dégradent de façon alarmante. En l'absence d'une solution politique, la plupart des 3,9 millions de réfugiés syriens, qui se trouvent en Turquie, au Liban, en Jordanie, en Irak et en Egypte, ne voient aucune perspective de retour dans leur pays d'origine dans un proche avenir, a déploré le HCR. L'agence onusienne a mis en garde que de plus en plus de réfugiés "ont recours à la mendicité, à la prostitution de survie et au travail des enfants" faute d'argent après avoir épuisé leur épargne. "C'est la pire crise humanitaire de notre époque et elle devrait générer un soutien à l'échelle mondiale", a souligné Antonio Guterres, ajoutant que bien davantage doit être fait pour soutirer les Syriens à leur cauchemars et à leurs souffrances. --Le conflit s'enlise, l'espoir d'une paix s'amenuise-- Sur le terrain, la situation est plus que jamais chaotique et les rebelles et les forces du gouvernement syrien poursuivent les hostilités notamment autours des grande ville comme Damas et Alep. Les forces du régime semblent ces derniers mois reprendre du terrain en reprenant le contrôle de plusieurs régions stratégiques face à des rebelles composés de groupes hétérogènes incapables de s'unir sous une seule bannière. Des observateurs estiment que l'issue du conflit reste incertaine car malgré l'acharnement de la rébellion, les forces gouvernementales conservent toujours le contrôle de la capitale et des principales villes côtières. L'arrivé de groupes terroristes sur le terrain tels le "Front El Nosra" affilié à Al-Qaïda et l'organisation autoproclamée "Etat islamique" (EI, Daech) a compliqué davantage la situation sur le terrain. La poursuite des combats rend de plus en plus difficile le lancement de négociations entre l'opposition et le régime. Toutes les tentatives visant à lancer un processus de négociations pour aboutir à une transition politique dans le pays et une solution pacifique ont toutes échoué, notamment Genève I et II (juin 2012 et février 2014). Au mois d'avril prochain, des émissaires de Damas et une partie de l'opposition syrienne doivent se retrouver à nouveau à Moscou, pour une énième tentative visant à engager un processus politique.