L'ONU a dénoncé le coût humain jugé inacceptable de la tragédie qui déchire la Syrie depuis presque cinq années. Elle a enjoint les dirigeants mondiaux à mettre de côté leurs «différences» afin de mettre fin aux souffrances des civils dans une crise qui a fait plus de 200 000 tués. «La crise effroyable en Syrie entre dans une cinquième année. Une crise qui continue d'exiger un coût humain inacceptable. Une crise que la communauté internationale a échoué à arrêter», ont affirmé dans une déclaration commune huit hautes personnalités de l'ONU, dont la dirigeante des opérations humanitaires, Valerie Amos, la directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé, Margaret Chan, le haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés, Antonio Guterres, et le directeur du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). Ces organismes de l'ONU actifs sur le terrain expriment leur indignation face à une crise d'abord humaine qui risque de sombrer dans la banalité. «Nous avons exprimé notre horreur, notre indignation, notre frustration à mesure que la tragédie s'est déroulée», notent-ils. «Nous avons besoin que les dirigeants mondiaux mettent de côté leurs différences et usent de leur influence pour apporter des changements significatifs en Syrie» afin, entre autres, de presser les parties à cesser les attaques et aussi d'obtenir la levée des sièges (plus de 212 000 personnes sont toujours assiégées) ou de permettre la livraison d'aides médicales et chirurgicales d'urgence, note le texte. Le caractère inextricable de la crise syrienne et l'interventionnisme d'acteurs externes compliquent davantage tout plan de sortie de crise. Cet appel rejoint celui du Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui a appelé jeudi le Conseil de sécurité à prendre des «mesures résolues» pour mettre fin à la guerre civile qui détruit méthodiquement la Syrie. Le Conseil de sécurité ne parvient pas à présenter un front uni sur la manière de ramener la paix en Syrie. Certaines capitales occidentales se sont longtemps focalisées sur un préalable, celui du départ du président syrien. D'autres acteurs arabes ainsi que la Turquie se sont également installés dans une franche confrontation contre Damas. Ce qui a davantage compliqué une crise aux multiples dimensions dans une région explosive. La Russie, qui dispose d'un droit de véto, bloque toutes les résolutions des Occidentaux visant une agression militaire contre Damas qui dit défendre son intégrité contre le terrorisme. Le gouvernement syrien accuse les Occidentaux et les Turcs de soutenir les groupes extrémistes sur le terrain, soutien qui embrouille toute résolution de la crise. En attendant une solution c'est la population civile syrienne qui endure la tragédie. Selon l'ONU, plus de 12,2 millions de personnes en Syrie ont besoin d'une aide d'urgence. La guerre ayant poussé 3,9 millions de personnes à fuir le pays et se refugier dans les pays environnants. M. B./Agences