Le Yémen s'est enfoncé davantage dans le chaos après le triple attentat suicide ayant fait plus d'une centaine de morts vendredi à Sanaa, alors que les rebelles houthis ont étendu leur influence vers l'ouest et le centre du pays, rendant ainsi une solution politique de plus en plus difficile. Selon le dernier bilan, 142 personnes sont mortes et 351 autres blessées, dans trois attentats ayant pris pour cible deux mosquée de la capitale à l'heure de la prière du vendredi. Ces attaques, revendiquées par l'organisation autoproclamée "Etat islamique" (EI, Daech), visent à enfoncer le pays "dans le chaos", a dénoncé samedi le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi. "De telles attaques haineuses ne peuvent avoir été perpétrées que par les ennemis de la vie", qui veulent enfoncer le Yémen dans le "chaos, la violence et les luttes intestines", a affirmé M. Hadi dans une lettre adressée au peuple. Le président yéménite a dénoncé "l'extrémisme", représenté par la milice chiite houthie et par le réseau terroriste Al-Qaïda, qui sont, a-t-il estimé "les deux faces d'une même pièce qui ne souhaitent ni le bien ni la stabilité du Yémen et de son peuple". La communauté internationale a vivement condamné ces attaques qui interviennent alors que le pays est confronté à une crise politique sans précédent après la démission forcée du président et de son gouvernement à la suite de la prise de la capitale Sanaa par les rebelles houthis. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, qui condamné les violences dans le pays, a appelé tous les protagonistes de cette crise "de cesser immédiatement tout acte hostile et de faire preuve du maximum de retenue". Il a demandé aussi qu'ils "respectent leur engagement à résoudre leurs divergences pacifiquement", et à "participer de bonne foi" aux négociations conduites sous l'égide de l'ONU représentée par l'émissaire Jamal Benomar. -- La situation risque de s'aggraver -- Les attaques de vendredi qui sont les plus sanglantes depuis la prise du pouvoir de Sanaa par les Houthis début février, pourraient aggraver davantage la situation dans le pays, ont mis en garde des observateurs. Selon ces derniers, cela risque de miner le dialogue de sortie de crise parrainé par l'ONU. Un processus qui est déjà dans une impasse et tout échec dans les discussions pourrait conduire à une "guerre civile". Pour le ministre français des affaires étrangères Laurent Fabius, ce qui se passe au Yémen est "une catastrophe absolue". "Ca fait partie de ces pays où la crise s'aggrave chaque jour", a-t-il estimé. "Il faut demander que le Conseil de sécurité des Nations unies, qui a envoyé un émissaire particulier (Jamal Benomar) puisse arriver à établir une situation qui évite à la fois la partition, parce que c'est ça un des grands risques, et qui permette de rétablir une situation ordinaire", a-t-il souligné. Les rebelles houthis, qui ont pris le contrôle de la capitale Sanaa, ont étendu leur influence vers l'ouest et le centre du pays. Jeudi des affrontements avaient opposé à Aden, où s'est réfugié le président Hadi, les unités d'un général rebelle, Abdel Hafez al-Sakkaf à des membres des "comités populaires" (supplétifs de l'armée) fidèles au président. Ces derniers ont réussi à reprendre le contrôle de la ville. Après ces combats, M. Hadi a dénoncé "l'échec d'une tentative d'un putsch". Le mouvement Ansaruallah, autre nom pour les Houthis, avait déferlé en septembre 2014 à Sanaa, venant de son bastion Saada, puis étendu son influence vers l'ouest et le centre du pays. Il a ensuite forcé le gouvernement et le président à la démission, dissous le Parlement et décrété la création de nouvelles institutions.