L'intervention militaire au Yémen "a aggravé la situation sur le terrain et compliqué davantage la crise", ont estimé lundi des universitaires, soulignant que la solution dans ce pays "ne peut être que politique". La poursuite de frappes de la coalition arabe, conduite par l'Arabie saoudite, contre les positions des Houthis et leurs alliés "va aggraver davantage la situation en causant plus de pertes humaines et matérielles et provoquant des divisions dans la société yéménite", a estimé le professeur Abdelouahab Benkhlif, enseignant à l'université d'Alger 3, dans une déclaration à l'APS. Pour ce spécialiste en relations internationales, une situation de chaos au Yémen profite malheureusement aux groupes extrémistes à leur tête Al-Qaïda, qui a mené d'importantes attaques ces derniers jours. "La solution ne peut être que politique à travers une médiation d'une tierce partie, qui devrait être neutre", a souligné M. Benkhlif, rappelant que "les précédentes expériences de résolution des conflits démontrent la pertinence de l'approche politique et diplomatique". Le professeur Ismaïl Maaraf, expert au affaires stratégiques, a abondé dans le même sens, affirmant que l'"intervention militaire n'était pas un bon choix, et ne résoudra en aucun cas la crise". "Seule la voie politique peut apporter une solution", a-t-il soutenu, rappelant que l'"Arabie saoudite en était déjà consciente". Le 30 mars dernier le roi saoudien, Salmane Ben Abdelaziz, a annoncé que son pays était prêt à organiser une réunion rassemblant toutes les parties politiques yéménites "soucieuse" de la stabilité et de la sécurité de leur pays. S'agissant du rôle des grandes puissances dans la résolution de la crise yéménite, M. Maaraf, a estimé que l'"Occident ne va pas fermer les yeux devant le pourrissement de la situation dans ce pays et qu'il va pousser les parties antagonistes à s'asseoir sur la table des négociations". L'expert a en outre dit que l'Iran, a "utilisé la crise yéménite pour influencer sur les négociations sur son dossier nucléaire" avec le groupe 5+1 pour conclure un accord. "L'obtention de l'accord sur le nucléaire iranien va sûrement permettre à Téhéran de jouer un rôle positif dans la résolution de ce conflit, en poussant les Houthis à revoir leurs positions et accepter de dialoguer". L'Arabie saoudite, à la tête d'une coalition d'une dizaine de pays notamment du Golfe, a lancé depuis le 26 mars une opération de frappes aériennes contre les rebelles houthis. Au 12e jour de l'opération "Tempête décisive", la situation sur le terrain est de plus en plus inquiétante. Dans le sud de nouveaux combats entre rebelles chiites et partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi ont fait plus de 140 morts ces dernières 24 heures. La situation humanitaire s'aggrave d'heure en heure dans le pays où les hôpitaux, faute de médicaments, ne peuvent plus soigner les blessés qui se comptent par centaines.