Des dizaines de millions de Britanniques ont afflué jeudi aux urnes pour choisir leurs députés (Members of parliament) qui devront former le prochain gouvernement, alors que le scrutin s'avère hautement imprévisible après la montée en puissance de nouveaux partis politiques. Près de 50 millions d'électeurs inscrits devrait voter pour attribuer un total de 650 sièges à la Chambre des Communes. Les bureaux de vote ont été mis en place dans des écoles, des bibliothèques, des cafétérias et des centres communautaires, afin d'assurer une accessibilité étendue aux résidents locaux. Les électeurs sont invités à s'exprimer entre 07h00 et 22h00 heure locale, et les résultats finaux du scrutin sont prévus vendredi. Le Royaume-Uni est une monarchie parlementaire. Le Parlement de Westminster compte deux chambres: les Communes et les Lords, qui n'est pas élue. Les élections législatives sont organisées tous les cinq ans. Le Premier ministre conservateur David Cameron gouverne depuis 2010, au sein d'une coalition formée avec les libéraux-démocrates. Il a succédé au travailliste Gordon Brown. -Scrutin imprévisible, vers les alliances- A l'issue d'une campagne intense le mois dernier, les conservateurs de David Cameron et les travaillistes d'Ed Miliband ont fait jeu égal dans les derniers sondages, marquant ce scrutin par un suspense sans précédent. Dans le "poll tracker" de la BBC établissant la moyenne des sondages, les conservateurs de l'actuel Premier ministre David Cameron stagnaient à 34% devant les travaillistes d'Ed Miliband (33%), l'Ukip europhobe (14%), les libéraux-démocrates (8%), les verts (5%) et le bloc des "autres partis"-incluant les nationalistes écossais du SNP et les Gallois du Plaid Cymru- (6%). Sans majorité au Parlement, les chefs des deux principaux partis britanniques se retrouveraient devant l'obligation de nouer alliance avec d'autres formations politiques pour former un gouvernement. Les conservateurs formaient le parti dominant à la Chambre des Communes entre 2010 et 2015 et disposaient d'une majorité confortable avec leur partenaire de coalition, les libéraux-démocrates, face à l'opposition travailliste. M. Cameron, qui vise un deuxième mandat après son élection en 2010, axe sa candidature sur la bonne santé de l'économie britannique, malgré un creusement des inégalités, devait à nouveau brandir le danger que constitue à ses yeux une éventuelle alliance entre le Labour et les Ecossais du SNP, parti indépendantiste de gauche, en passe de remporter une cinquantaine de sièges dans la région septentrionale. -Une campagne dominée par l'Europe, la santé et l'Immigration- A la veille du scrutin M. Cameron et son rival travailliste Ed Miliband sillonnaient mardi le Royaume-Uni dans une ultime tentative de rallier les électeurs, et de faire monter les sondages en leur faveur à deux jours des élections législatives. Economie, santé, immigration ont été parmi les principaux thèmes de la campagne électorale, débutée le 30 mars, qui n'a pas permis jusqu'ici aux conservateurs, au pouvoir depuis cinq ans, ou aux travaillistes de prendre l'avantage dans les sondages. Même si les conservateurs se targuent d'un bilan à faire pâlir d'envie le reste de l'Europe (chômage à 5,6% et croissance à 2,8% en 2014), les partis d'opposition de gauche (Labour, SNP, Verts, Plaid Cymru) pointent creusement des inégalités dans le pays, illustré notamment par l'explosion des contrats précaires et des banques alimentaires. Au coeur de cette campagne, le volet Grande Bretagne-Europe fait polémique. Les conservateurs promettent un référendum en 2017 sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne "Brexit" (British Exit- Sortie de l'UE). Le parti affirme souhaiter "rester dans une union réformée". Les travaillistes, quant à eux, affirment qu'une sortie de l'UE serait un "désastre" pour le pays, surtout en matière économique et de création d'emplois. Le système de santé britannique (NHS) figure également sur la liste des thèmes les plus chauds, le service public de santé si cher aux Britanniques, est la préoccupation numéro un des électeurs. L'immigration, autre point essentiel parmi les thèmes de campagne, a été développé par les protagonistes, surtout que l'Angleterre est le pays le plus densément peuplé de l'Union européenne. Tous les partis sont unanimes à vouloir interdire l'accès des immigrés européens aux prestations sociales, respectivement pendant quatre ans et deux ans, pour tenter de limiter leur afflux.