Le Premier ministre conservateur David Cameron et son rival travailliste Ed Miliband sillonnaient hier le Royaume-Uni dans une ultime tentative de rallier les électeurs et de faire mentir les sondages. Selon une enquête d'opinion publiée par le tabloïd The Sun, les Tories comme le Labour récolteraient 33% des voix, un score peu ou prou identique aux sondages publiés depuis le début de l'année. La faute, peut-être, à une campagne électorale guère enthousiasmante, ni M. Cameron ni M.Miliband ne sont parvenus à générer un engouement significatif en leur faveur. Sans majorité au Parlement au soir du 7 mai, les chefs des deux principaux partis britanniques se retrouveraient devant l'obligation de nouer alliance avec d'autres formations politiques pour former un gouvernement. Pour éviter un tel scénario, ou tout du moins apparaître en position de force au moment de négocier ces accords, David Cameron et Ed Miliband multipliaient les déplacements destinés à convaincre les indécis, évalués à près de 20%. Le Premier ministre, qui vise un deuxième mandat après son élection en 2010, devait notamment se rendre St Ives, dans les Cornouailles (sud-ouest), tandis que le chef de l'opposition allait à Birmingham (centre). M.Cameron, qui axe sa candidature sur la bonne santé de l'économie britannique, malgré un creusement des inégalités, devait à nouveau brandir le danger que constitue à ses yeux une éventuelle alliance entre le Labour et les Ecossais du SNP, parti indépendantiste de gauche, en passe de remporter une cinquantaine de sièges dans la région septentrionale. «Il n'est pas difficile d'imaginer le chaos que provoquerait l'arrivée d'Ed Miliband au pouvoir», devait dire le Premier ministre. «Il suffit de regarder les infos. Nicola Sturgeon (la chef du SNP, ndlr) passe quotidiennement à la télévision pour nous expliquer qu'elle va mettre Ed Miliband au N. 10 (Downing Street, la résidence du Premier ministre) pour pouvoir le rançonner à chaque fois qu'il y aura un vote», devait dire M. Cameron. Sur le même thème, le ministre des Finances conservateur George Osborne a estimé qu'une victoire du Labour annulerait en «cinq minutes» cinq années de réforme. La plupart des investisseurs relativisent toutefois l'ampleur du choc que représenterait le retour de la gauche, et font valoir que les conservateurs, avec leur promesse de référendum sur une éventuelle sortie de l'UE, sont porteurs d'autres incertitudes. Depuis le début de la campagne, les conservateurs accusent le Labour de vouloir brader les intérêts du pays en négociant en sous-main un accord avec le SNP, parti dont le «but ultime» reste, comme l'a encore répété Mme Sturgeon, l'éclatement du Royaume-Uni et l'indépendance de l'Ecosse.