Les Britanniques éliront jeudi les députés (Members of parliament) qui devront former le prochain gouvernement. Il s'agira d'"élections historiques", en raison de la montée en puissance de nouveaux partis politiques comme celui d'Ed Miliband Leader de l'opposition Travailliste (Labour) ce qui fait de ces élections "les plus serrées", selon les observateurs. A la veille du scrutin le Premier ministre conservateur David Cameron et son rival travailliste Ed Miliband sillonnaient mardi le Royaume-Uni dans une ultime tentative de rallier les électeurs, et de faire monter les sondages en leur faveur à deux jours des élections législatives. Dans le "poll tracker" de la BBC établissant la moyenne des sondages, les conservateurs de l'actuel Premier ministre David Cameron stagnaient à 34% devant les travaillistes d'Ed Miliband (33%), l'Ukip europhobe (14%), les libéraux-démocrates (8%), les verts (5%) et le bloc des "autres partis"-incluant les nationalistes écossais du SNP et les Gallois du Plaid Cymru- (6%). Economie, santé, immigration ont été parmi les principaux thèmes de la campagne électorale qui n'a pas permis jusqu'ici aux conservateurs, au pouvoir depuis cinq ans, ou aux travaillistes de prendre l'avantage dans les sondages. Même si les conservateurs se targuent d'un bilan à faire pâlir d'envie le reste de l'Europe (chômage à 5,6% et croissance à 2,8% en 2014), les partis d'opposition de gauche (Labour, SNP, Verts, Plaid Cymru) pointent creusement des inégalités dans le pays, illustré notamment par l'explosion des contrats précaires et des banques alimentaires. L'Europe et la Santé au cœur de la campagne électorale Au cœur de la campagne électorale débutée le 30 mars, le volet Grande Bretagne-Europe fait polémique. Les conservateurs promettent un référendum en 2017 sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne "Brexit" (British Exit- Sortie de l'UE). Le parti affirme souhaiter "rester dans une union réformée". "Le peuple britannique, mérite vraiment un référendum sur la question de savoir si nous restons dans une UE réformée ou si nous la quittons", a dit M. Cameron. Le dirigeant travailliste Ed Miliband, quant à lui a répété à plusieurs reprises pendant la campagne qu'une sortie de l'UE serait un "désastre" pour le pays, surtout en matière économique et de création d'emplois. Figurant parmi les thèmes les plus chauds de la campagne, le système de santé britannique (NHS), le service public de santé si cher aux Britanniques, est la préoccupation numéro un des électeurs. Accusés par leurs opposants de chercher à privatiser le NHS, les Conservateurs se sont engagés récemment à y investir au moins 8 milliards de livres (11,1 milliards d'euros) de plus chaque année d'ici à l'horizon 2020, sans détailler l'origine de ces fonds. Quant au Parti travailliste, il a promis une rallonge de 2,5 milliards de livres (3,4 milliards d'euros), financé par des hausses d'impôts. L'immigration, autre point essentiel parmi les thèmes de campagne, a été développé par les protagonistes, surtout que l'Angleterre est le pays le plus densément peuplé de l'Union européenne. Placée comme l'une des "principales inquiétudes des électeurs" tout particulièrement celle provenant des autres pays européens, des études montrent que les immigrés rapportent plus qu'ils ne coûtent au pays, cependant certaines régions se sentent littéralement dépassées par l'afflux de migrants, notamment dans les services publics. Tous les partis sont unanimes à vouloir interdire l'accès des immigrés européens aux prestations sociales, respectivement pendant quatre ans et deux ans, pour tenter de limiter leur afflux. L'Ukip veut quant à lui totalement interdire l'immigration de travailleurs non-qualifiés pendant cinq ans et limiter celle des travailleurs qualifiés à 50.000 par an. Vers une éventuelle alliance entre partis En dépit de l'énergie déployée dans une campagne généralement atone, les partis en lice restaient comme figés au début de cette semaine fatidique. Sans majorité au Parlement au soir du 7 mai, les chefs des deux principaux partis britanniques se retrouveraient devant l'obligation de nouer alliance avec d'autres formations politiques pour former un gouvernement. Les conservateurs formaient le parti dominant à la Chambre des Communes entre 2010 et 2015 et disposaient d'une majorité confortable avec leur partenaire de coalition, les libéraux-démocrates, face à l'opposition travailliste. M. Cameron, qui vise un deuxième mandat après son élection en 2010, axe sa candidature sur la bonne santé de l'économie britannique, malgré un creusement des inégalités, devait à nouveau brandir le danger que constitue à ses yeux une éventuelle alliance entre le Labour et les Ecossais du SNP, parti indépendantiste de gauche, en passe de remporter une cinquantaine de sièges dans la région septentrionale.