Les parties en conflit en République centrafricaine (RCA) sont parvenues péniblement à la signature d'un accord de fin des hostilités, ouvrant une nouvelle ère de stabilité politique dans ce pays confronté à une crise humanitaire sans précédent depuis le début de la crise en 2013. Le gouvernement centrafricain et dix groupes armés (Seleka et anti-balaka) réunis dans le cadre du Forum de réconciliation nationale à Bangui ont signé "un accord de désarmement, de démobilisation et de réinsertion" afin de mettre un terme aux violences qui ont fait des milliers de morts en deux ans. Les dix groupes armés signataires de l'accord de paix se sont engagés lors d'une cérémonie publique en marge du Forum, à déposer les armes et à renoncer à la lutte armée comme moyen de revendication politique, a indiqué le représentant spécial du Secrétaire général des Nations-Unies pour la République centrafricaine (RCA), Babacar Gaye. "L'accord n'a pas été obtenu facilement en raison de l'hésitation affichées par des responsables des groupes armés qui voulaient prendre du recul au moment même de la signature", a-t-il noté. "Je veux croire que cet engagement est sincère, qu'une page est vraiment tournée en Centrafrique et que nous allons nous engager dans une construction progressive de la paix", a-t-il ajouté. L'accord comprend également une clause interdisant l'enrôlement des enfants dans les rangs de l'armée ou leur utilisation dans les travaux forcés. La République centrafricaine a ouvert le 4 mai un Forum autour de quatre thèmes, la paix et la sécurité, la gouvernance, la justice et la réconciliation et enfin le développement économique et social. Une crise humanitaire sans précédent Les violences en Centrafrique ont donné lieu à une grave crise humanitaire jugée par le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) comme "la plus grande crise humanitaire oubliée de notre temps". Selon le HCR, il y a plus de 460 000 réfugiés centrafricains dans les pays voisins et près de 436 000 personnes sont déplacées à l'intérieur du pays, précise le HCR. Ceci en sus des quelques 2,7 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire en Centrafrique. En dépit de ces données frappantes, la solidarité internationale ne s'est pas exprimée comme il se doit. Les programmes d'assistance humanitaire et le Plan de gestion régionale de la situation des réfugiés manquent de financement , seuls 14% et 9% de leurs besoins respectifs ont été financés. Des chiffres qui ne permettent pas d'assurer la protection de toutes ces personnes déplacées ou de fournir le minimum nécessaire pour répondre à leurs énormes besoins humanitaires, estime la coordonnatrice humanitaire de l'ONU dans le pays, Claire Bourgeois. L'organisation des élections, l'autre rendez-vous crucial Après la signature de l'accord de paix, la Centrafrique, à travers un autre rendez-vous, devra mettre en place un processus de paix. Il s'agit de l'organisation des élections nationales. Un événements crucial pour l'avenir de la Centrafrique. A ce titre, deux propositions fortes ont été formulées par les participants au Forum de Bangui: Le report des prochaines élections prévues en août après concertation entre l'Autorité nationale des élections (ANE) et d'autres institutions, la saisine de la conférence des chefs d'Etats de la CEEAC pour la prolongation de la transition et le maintien des hautes autorités de la transition jusqu'aux élections. Sur un autre volet, celui en lien avec la future Constitution centrafricaine, il a évoqué le caractère laïc de l'Etat centrafricain, la consultation de la base (peuple) sur les grandes questions de société et la mise en place d'une haute autorité de bonne gouvernance. Il est question aussi de l'élargissement du Conseil national de transition (CNT, le parlement provisoire) aux Antibalaka. Un autre point: garantir la stabilité de la transition en maintenant en fonction la présidente de la transition, le Premier ministre et le président du CNT. La Centrafrique a plongé dans la violence depuis que l'ex-rébellion Séléka, conduite par Michel Djotodia, a renversé en mars 2013 le président François Bozizé. L'ex-rébellion a été évincée du pouvoir en janvier 2014 après une intervention de l'armée française dans le cadre d'une mission de l'Onu, consécutive à un cycle sanglant de violences et de représailles entre combattants de la Séléka et milices anti-balaka. La violence n'a pas complètement disparu aujourd'hui, mais l'ordre a été relativement rétabli depuis que la présidente de transition Catherine Samba-Panza est soutenue par la force onusienne de maintien de la paix. (Par Rebiha AKRICHE)