Pour les éléments de l'ex-Séléka, le retour de la paix en Centrafrique doit passer par la partition du pays. C'est, du moins, la position exprimée par certains d'entre eux au cours du «Forum pour la réconciliation nationale et le dialogue politique» ouvert le 21 juillet à Brazzaville. La rencontre vise à ramener la paix en Centrafrique, pays déchiré par des violences intercommunautaires. A en croire Mohamed-Moussa Dhaffane, numéro trois de l'ancienne coalition rebelle et chef de la délégation, c'est même un préalable avant toute discussion. Une requête surprenante, puisqu'elle n'avait jamais été réellement exprimée officiellement jusque -là, qui semble avoir pour objectif de faire monter les enchères en faveur d'un mouvement divisé (la branche dissidente de l'ex-Séléka n'est pas représentée aux assises de Brazzaville). Les exigences des ex-Séléka risquent en tout cas de compliquer davantage l'issue de ces pourparlers devant prendre fin aujourd'hui dans la capitale congolaise. Pour rendre les discussions encore plus âpres, les délégués de l'ex-rébellion Séléka ne se sont pas présentés hier au deuxième jour du forum, entraînant une interruption des travaux des deux principaux ateliers de négociations. En revanche, la troisième commission sur la poursuite du processus politique était réunie à huis clos. La session s'est déroulée à la demande de la médiation internationale de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC) pour faire le point. Du côté des anti-balaka, on se veut plutôt rassurants. A Brazzaville, Patrice-Edouard Ngaïssona, «coordonnateur politique» des miliciens, a déclaré que ces derniers étaient «prêts à abandonner les armes». «Nous allons nous entendre entre nous (les différents protagonistes de la crise centrafricaine, ndlr) pour jeter les bases d'un dialogue inclusif», a-t-il renchéri, rappelant que l'objectif des négociations était de «ramener la paix, la cohésion et la quiétude au peuple centrafricain». Des propos qui font écho à la recommandation du président congolais, Denis Sassou Nguesso, médiateur régional de la crise centrafricaine, qui a demandé aux différentes délégations de «tirer les leçons de toutes les expériences du passé» et de «s'approprier le processus». Même son de cloche du côté de Catherine Samba Panza. La présidente de transition de la Centrafrique a estimé lors d'un vibrant plaidoyer que le Forum était une «étape importante (...) pour qu'ensemble on décide de la cessation des hostilités et des violences». Catherine Samba Panza a également souligné que le moment était «venu d'arrêter les hostilités, les destructions et l'enrôlement des enfants mineurs dans les rebellions», que les Centrafricains devaient «désarmer leurs corps de la haine et de la vengeance». Passer très vite du discours aux actes, c'est ce que tout le monde attend maintenant, car sur le terrain la guerre continue à faire des victimes. Pas plus loin que lundi, un ex-combattant de la rébellion Séléka a été tué à Bangui par des miliciens anti-balaka, a annoncé la Misca, la force africaine en Centrafrique. En représailles, des ex-Séléka ont pris en otages plusieurs jeunes et ont blessé le père de l'un d'entre eux, selon la même source.