Les Comités populaires, qui agissent en milices au Yémen, sont désormais un acteur principal et incontournable pour toute solution à la crise politico-sécuritaire, qui secoue le pays, c'est ce qui ressort des déclarations du président Abd Rebbo Mansour Hadi, faisant état d'"une volonté d'organiser la résistance populaire et gouvernementale pour reprendre le pouvoir." L'appel traduit l'aspiration du président yéménite, réfugié en Arabie saoudite, à reprendre aux milices d'Ansaruallah (Houthies) le contrôle des affaires du pays, en s'appuyant sur les Comités populaires, qui auront à faire face aux Houthis ayant mis en place des groupes armés similaires. En effet, plusieurs analystes jugent que ces Comités populaires, à l'origine de la complication de la situation au Yémen, sont devenus avec la prolongation du conflit, "une partie de la solution", à même de ne pas les contourner dans tout processus de sortie de crise. Lors de la conférence politique tenue récemment à Ryadh autour du thème: "Pour sauver le Yémen", de nombreux analystes ont estimé qu'elle n'a pas apporté une contribution substantielle en matière de préparation du terrain pour un dialogue, en raison de la non participation, aux débats, des Comités populaires issus du Mouvement houthi, Ansaruallah, et les milices pro-Hadi. La conférence de Ryadh a souligné dans sa déclaration finale que les participants ont adopté "une vision sérieuse pour rétablir l'Etat et la reprise de ses relations au niveaux régional et international". Toutefois, sans prendre en compte l'importance de faire participer les milices, qui constituent, selon les composantes yéménites, une "partie fondamentale" dans les processus de règlement de la crise. Toute solution au conflit est tributaire d'actions internes Dans ce contexte, les observateurs insistent sur la réalité du terrain, qui reste sous l'emprise des milices agissant pour le compte de parties antagonistes. Une réalité, qui affirme que toute exclusion de ces comités est en déphasage avec les moyens à mettre en oeuvre pour l'amorce d'un vrai dialogue inter-yéménite, a estimé l'Envoyé spécial de l'Onu pour le Yémen, Ismail Ould Cheikh Ahmed. "Nous sommes toujours attachés à la poursuite des efforts pour le prolongement de la trêve humanitaire puisque la situation est toujours compliquée et à l'organisation d'une réunion à Genève, qui rassemblera tous les acteurs protagonistes", faisant allusion aux Houthis et aux Comités populaires proches du président Hadi. Dans cet ordre d'idées, le commandant des comités populaires du sud à Aden, Ahmed al-Misri, qui s'est retiré de la conférence de Ryadh, en raison de "la participation de dirigeants politiques yéménites ne représentant ni la résistance ni le peuple", a déclaré que "cette conférence n'aura aucune issue positive, et les forces politiques yéménites seront à la conférence de Genève pour résoudre leurs problèmes (conflit) de manière efficace". M. al-Misri a appelé, par ailleurs, que les forces de la Coalition arabe à "soutenir les efforts de résistance populaire à Aden et dans les provinces du Sud". La force des Comités populaires réside également dans leur capacité à attirer de jeunes combattants, soucieux de "servir leur pays", à travers l'intégration des rangs de milices. "Il y a des dizaines de milliers de jeunes de tribus de la résistance populaire qui souhaitent avoir l'occasion de servir leur pays", a fait savoir le chef d'état-major général de l'armée yéménite, le général Mohammad Ali dit al-Mekdichi. Interrogé sur le lien entre les Comités populaires et l'armé, M. al-Mekdichi a estimé que "la coopération entre les deux parties est très intéressante", révélant qu'"il y a, à la tête des comité populaires, de hauts chefs militaires expérimentés". Ces comités, a-t-il ajouté, "seront le noyau de la future armée yéménite, qui se substituera à l'armée actuelle." D'autre part M. al-Makdichi a estimé que toute solution au conflit viendra de l'intérieur, à travers un consensus entre les composante armées, l'armée et les milices, loin de toute intervention militaire étrangère terrestre pour neutraliser la rébellion houthie. En parallèle, une étude du Centre de recherche et think tanks "Carnigie Middle East et North Africa", a indiqué que la crise politique et sécuritaire frappant le Yémen est aggravée par la prolifération des Comités populaires. D'après l'étude, ces milices armées contrôlent tous les domaines de la vie quotidienne. Et pendant que les Comités populaires d'Ansaruallah se propageaient dans les provinces du nord et du centre du pays, d'autres Comités populaires avaient été créés entre 2010 et 2012 dans les provinces d'Abyan et de Shabwa (Sud) pour soutenir l'armée dans ses guerres contre le réseau terroriste Al-Qaïda. Ces comité y sont toujours déployés et beaucoup de leurs éléments avaient été transférés récemment à Aden (extrême sud) pour aider l'armée à protéger la ville d'éventuelles attaques des Comités populaires houthis. Les Comités populaires, qui exercent des fonctions militaires et sécuritaires et qui contrôlent, également, la fonction judiciaire dans la capitale Sanaa, peuvent se transformer en adversaires et constituer une source de chaos à travers le pays. Par Ali KEFSI