La deuxième chambre correctionnelle près la Cour de Boumerdès a poursuivi, jeudi, l'interrogatoire du colonel Chouaib Oultache, ex-chef de l'unité aérienne de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), accusé avec 24 autres prévenus de "dilapidation de deniers publics". Durant l'audience de mercredi, sept parmi les autres prévenus poursuivis dans cette affaire pour "passation de marchés publics en violation de la législation", "dilapidation de deniers publics", "trafic d'influence", "faux et usage de faux", "implication dans la dilapidation et négligence manifeste ayant mené à déperdition de fonds publics", ont été auditionnés par le juge. Parmi eux, Fettane Abdelhakim, chef du bureau des marchés publics à la DGSN, qui a affirmé dans ses réponses au représentant du parquet, que l'"un des marchés pour l'acquisition de consommables a été attribué de gré à gré, conformément à la loi, et après approbation de la commission nationale des marchés publics". "Auparavant nous avions épuisé toutes les tentatives pour acquérir les équipements requis directement auprès de l'entreprise-mère qui a refusé de traiter directement avec la DGSN et qui a délégué son distributeur représenté par ABM", a t-il encore argumenté. Les autres prévenus ont également soutenu, chacun à son tour, que le président de la commission technique de modernisation de la sûreté nationale, Chouaib Oultache, "n'a nullement essayé d'influencer un des membres de la commission pour favoriser son gendre à travers ABM en lui attribuant les deux marchés d'acquisition de consommable informatique et d'onduleurs". Le juge a insisté dans son interrogatoire des prévenus, et sur la base de documents en sa possession, sur l'existence d'une infraction à la loi sur les marchés publics dans l'attribution de deux marchés : le premier pour l'acquisition de consommable informatique acquis de gré à gré par le distributeur ABM qui n'avait pas le monopole du marché, et le second acquis grâce à un appel d'offres dans lequel une entreprise concurrente a été exclue. Il a également insisté sur l'existence d'une anomalie dans les deux marchés du fait que le fournisseur n'a pas réalisé, "à ses frais", le transport et la distribution des équipements concernés à travers différents sièges de la sureté nationale et n'a même pas eu à supporter la "taxe de retard" dans l'approvisionnement du corps de sécurité avec lequel le marché est conclu. Un marché qui n'a pas été annulé par la partie concernée comme indiqué dans la loi, et ce à cause d'une intervention d'Oultache, a estimé le juge. A noter que 21 cadres de la DGSN sont impliqués dans cette affaire de malversations et ont été condamnés auparavant à des peines allant de 5 à18 ans de prison ferme tandis que quatre (4) autres mis en cause ont été acquittés. Selon l'acte de renvoi du tribunal, cette affaire qui remonte à 2007 concerne un marché douteux pour l'acquisition de matériel informatique signé entre la DGSN et la société Algerian Business Multimedia (ABM) révélé au grand jour après l'assassinat, le 25 février 2010, du directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, par le colonel Oultache.