Benamar Bakhti, figure de proue du cinéma algérien, s'est éteint mercredi à l'âge de 74 ans laissant derrière lui des oeuvres mémorables et un méga projet de film sur l'Emir Abdelkader, un rêve qu'il a caressé jusqu'à son dernier souffle. C'est au début des années 90 que l'idée de réaliser un film à dimension internationale sur cette personnalité historique hors pair, effleure l'esprit de Benamar Bakhti, mais le projet n'a pu voir le jour en cette décennie extrêmement difficile pour l'Algérie, mais aussi pour les artistes qui devaient eux aussi payé un lourd tribut au terrorisme dont l'impact destructeur a pesé lourd sur l'évolution du cinéma et de tous les arts. A côté de ce projet, Benamar Bakhti voulait également réaliser le long métrage "Le clandestin 2", après le succès foudroyant qu'avait connu "Le clandestin" en 1989 et qui avait révélé au grand public le talentueux Athmane Ariouet, ce même Ariouet qui incarna, avec brio, des années auparavant (1983) le rôle de "Cheikh Bouamama", l'un des leaders de la Résistance populaire algérienne contre l'occupant français. Evoquant les oeuvres du défunt, Ahmed Rachedi a rappelé les nombreux projets que le regretté voulait réaliser 20 ans durant, mais qui sont restés du domaine du rêve. Benamar Bakhti sera célèbre pour son chef-d'oeuvre "L'épopée de Cheikh Bouamama" et pour bien d'autres oeuvres irréprochables, selon M. Rachedi qui déplore que "des cinéastes de la trempe de Bakhti ne puissent pas bénéficier de conditions favorables à l'éclosion de leurs idées et projets". Avec la disparition de Benamar Bakhti des suites d'une longue maladie qui l'a tenu à l'écart des projecteurs, le cinéma algérien perd toute une génération d'innovateurs qui ont dessiné les contours du 7ème art en Algérie, lequel a connu son âge d'or durant les années 70. L'annonce de la disparition de Benamar Bakhti a été accueillie avec beaucoup d'émotion et une profonde tristesse par les cinéastes et comédiens algériens, d'autant qu'elle est intervenue peu de temps après le décès de Amar Laskri, Rabie Benmokhtar, Sid Ali Kouiret et Fatiha Berbar. Né en 1941, Benamar Bakhti est diplômé de l'Institut des hautes études cinématographiques de Paris (IDHEC) et travaille, au début de sa carrière, comme assistant à France Télévision aux côtés de cinéastes français comme Claude Lelouch et Jean-Paul Sassy. De retour en Algérie, il rejoint la Radio et la Télévion algériennes en tant que producteur et réalise plusieurs téléfilms dont le "Moudjahid" et "Le retour".