L'Afrique du Sud "pourrait envisager de quitter" la Cour pénale internationale (CPI) après la polémique sur la visite à Johannesburg pour le sommet de l'Union africaine (UA) du président soudanais Omar el-Béchir, inculpé de crimes de guerre dans le conflit au Darfour (ouest du Soudan), a déclaré jeudi le ministre à la présidence Jeff Radebe. "L'Afrique du Sud pourrait en dernier ressort également envisager de se retirer de la Cour pénale internationale. Cette décision ne sera prise que lorsque toutes les options disponibles au terme du Traité de Rome (fondateur de la CPI) auront été épuisées", a-t-il déclaré dans un compte-rendu du conseil des ministres. M. Radebe a également annoncé "l'ouverture de négociations immédiates avec l'Union africaine et ses Etats membres pour voir comment les mécanismes africains de résolution des conflits peuvent être mis en oeuvre sans délai pour assurer que les crimes les plus graves ne restent pas impunis". L'Afrique du Sud veut notamment "accélérer la réforme de la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples, basée à Arusha" en Tanzanie, mais qui manque de moyens. Un rapport va être préparé par Pretoria et soumis dès la prochaine assemblée générale des Etats membres de la Cour pénale internationale, a-t-il dit. Dès le 28 mai, la CPI avait demandé à l'Afrique du Sud, en tant que membre de la Cour, de procéder à l'arrestation du président soudanais s'il venait au sommet de l'UA. Le 14 juin, M. el Béchir s'est pourtant rendu à Johannesburg pour participer au sommet des 14 et 15. Immédiatement, une ONG a entamé une action en justice pour demander son arrestation et un tribunal de Pretoria lui a interdit de quitter le territoire dans l'attente d'un jugement définitif. Le gouvernement n'a pas tenu compte de cet ordre et a laissé M. el Béchir reprendre son avion depuis une base militaire, selon les médias locaux. Depuis, le débat fait rage en Afrique du Sud. L'opposition et nombre de commentateurs accusent le gouvernement d'avoir violé la Constitution et ses engagements internationaux. Mercredi, le juge sud-africain chargé de statuer a demandé l'ouverture de poursuites contre le gouvernement de Jacob Zuma. L'Union africaine accuse la CPI de parti-pris car ses enquêtes ne visent pour l'instant que des Africains.