Plusieurs chantiers ont été identifiés pour la réorganisation du secteur des transports qui enregistre des dysfonctionnements et des lacunes dans les activités des transports terrestre, aérien et maritime, résume le ministre du secteur, Boudjema Talai, dans un entretien accordé à l'APS. Le premier constat établi par le ministre, suite à la série de réunions tenues récemment avec les responsables des compagnies publiques des transports aérien, maritime et terrestre ainsi que les directeurs des transports des 48 wilayas, est le "manque de coordination" entre les structures qui est la cause principale des problèmes que vit le secteur. "Ce que je tire de ces rencontres est le manque de coordination entre les structures. Ce qui impacte directement l'organisation du secteur", selon lui. Concernant la compagnie Air Algérie, qui fait face à des problèmes liés à la ponctualité et à la qualité de ses services, M. Talai considère que la restructuration actuelle de son portefeuille d'activités devra contribuer à augmenter ses parts de marché et à améliorer la qualité, la ponctualité et la sécurité au sein de la compagnie. En outre, fait-il savoir, cette compagnie publique va procéder à la révision de tout son programme de lignes et de vols pour remédier au problème du respect des heures de vol, qui est le "point noir" de cette société aérienne. Selon lui, Air Algérie va revoir, après la saison estivale actuelle, la totalité de son programme en fonction de sa flotte, de son personnel naviguant et des flux des passagers à transporter, tandis que les lignes internationales "à caractère stratégique" seront gardées. De surcroît, des programmes de formation non seulement des pilotes mais aussi dans les domaines de la gestion et de la maintenance des avions figurent parmi les actions prioritaires. =Transport terrestre: décongestion des routes= Questionné sur la "feuille de route" prévue pour le transport terrestre, le ministre assure qu'il s'agit d'un autre chantier nécessitant une réorganisation afin de restructurer ce mode de transport, d'atténuer la congestion des routes et de limiter les accidents routiers. Dans ce cadre, le ministère des Transports procède actuellement à la révision du schéma national de transport terrestre pour établir un nouveau programme des destinations, des horaires affectés aux transporteurs notamment privés ainsi que la réorganisation des gares routières. Concernant le transport par bus urbain et suburbain, il insiste sur l'amélioration de la qualité des prestations de services et de l'état des bus à travers les contrôles techniques. "Il s'agit de durcir la réglementation en terme de qualité et de sécurité pour limiter les accidents de la route", avise M. Talai. A cet effet, la commission interministérielle, installée à la fin 2014, a établi une liste de mesures à mettre en oeuvre à court, moyen et long termes pour limiter le nombre des accidents. A court terme, il s'agit de la mise en place de mesures urgentes impliquant certains secteurs tel que celui des Travaux publics afin de renforcer l'entretien des routes dont la mauvaise qualité est l'une des causes essentielles des accidents. La révision des programmes de formation de la conduite automobile dans les auto-écoles et la mise en place du chrono tachygraphe pour le transport des voyageurs et de marchandises figurent aussi parmi les mesures les plus urgentes. Pour la mise en place du dispositif chrono tachygraphe, qui enregistre les données sur le parcours du véhicule (vitesse, distance, temps de repos appliqué par le conducteur pour les longs trajets...), un projet de décret a été élaboré et transmis au Secrétariat général du gouvernement (SGG). En parallèle, un comité national a été installé pour veiller à la mise en oeuvre de ce texte une fois promulgué, note-t-il. Concernant les mesures à moyen terme, le ministère des Transports a été chargé par la même commission interministérielle de la refonte de certains textes législatifs et réglementaires et l'élaboration de textes d'application tel que l'amendement de la loi dont l'une des dispositions concerne la limitation de la vitesse en milieu urbain, et la mise en place du permis de conduire biométrique. "Les textes législatif et réglementaire pour la mise oeuvre du permis biométrique sont finalisés et seront transmis prochainement au SGG. Pour l'aspect technique, les travaux se poursuivent avec le ministère de l'Intérieur pour la finalisation du fichier national des contraventions qui est nécessaire à la mise en place de ce système", détaille le ministre. A long terme, les mesures prévoient l'installation des radars fixes et des stations de pesage des poids lourds pour limiter les accidents. Pour réduire la congestion des routes et faciliter la circulation notamment à Alger, wilaya la plus touchée par cette situation, M. Talai rappelle les projets de construction de sept (7) parkings à étages à El-Biar, Kouba, Hydra, Madania, Sidi Yahia, Sidi M'hamed et la gare routière de Bir Mourad Rais avec des capacités allant entre 600 et 1.000 places chacun. Ces parkings seront réceptionnés entre 2016 et 2018, selon le ministre. Dix (10) autres sites ont également été proposés pour leur mise en concession aux opérateurs publics et privés dans le cadre de la réalisation d'équipements multifonctionnels composés, entre autres, de parkings de 500 places chacun au minimum. Sept (7) sites sont déjà retenus à Bir Mourad Rais, aux 2 stations de métro "Hai El Badr" et "El Harrach", à Aïn Benian, Chéraga, Boumaati et à Caroubier. =Transport maritime: nouveau port commercial de la région centre= Concernant le transport maritime, M. Talai évoque le projet du futur port commercial de la région centre prévu entre les villes de Cherchell (Tipaza) et de Ténès (Chlef) dont le coût nécessite un investissement de près de 200 milliards de DA. Les financements pour la réalisation de cette infrastructure d'envergure, qui devra être réalisée en 3 étapes dans un délai de 10 ans, ne seront pas supportés par l'Etat, précise le ministre qui ajoute que la finalisation des études de réalisation sont toujours en cours. Mais pour financer ce projet, le ministère des Transports étudie actuellement les modes de financement possibles sans pour autant recourir au Trésor public. Concernant le volet transports prévu par le programme quinquennal 2015-2019, une enveloppe financière prévisionnelle de 832,7 milliards de DA devrait être mobilisée. Une partie de ce budget concerne la réalisation de nouveaux projets alors que le reste sera affecté au titre des compléments d'Autorisations de programmes pour certains projets ayant connu des modifications ou des extensions importantes durant leur réalisation, explique le ministre. Le programme quinquennal 2015-2019 prévoit, pour le secteur des transports, la poursuite du dédoublement des voies ferrées sur l'ensemble de la rocade nord, l'électrification progressive de l'ensemble du réseau, la réalisation de nouvelles gares, la réalisation du port commercial de la région centre ainsi que l'engagement de nouvelles opérations d'extension et de réalisation de nouvelles lignes de métro. Par Meriem ZAIT