L'opposition burundaise a rejeté mardi les résultats des élections législatives et communales, avant même leur publication officielle, se considérant non concernée par les deux scrutins. Le parti Sahwanya FRODEBU (Front pour la Démocratie au Burundi, opposition) a rejeté les résultats des élections dans lesquelles le parti au pouvoir du président Pierre Nkurunziza était favori, notamment en raison du boycott par l'opposition et la société civile. "Nous ne sommes pas satisfaits des résultats de ces élections. Nous ne devrions même pas les entendre parce qu'elles ne nous concernent pas", a réagi le vice-président du FRODEBU, Frédéric Bamvuginyumvira. "Ce ne sont pas des élections car elles n'ont pas été observées par l'UA et l'UE. Nous voulons des élections qui résulteraient du dialogue", a-t-il ajouté. M. Bamvuginyumvira a fait savoir que même s'il y a des membres de son parti et ceux de l'opposition qui auraient participé à ces élections, ils "ont été forcés d'aller voter, ce qui démontre à suffisance que ces élections n'étaient pas du tout libres", rejetant ainsi une "parodie d'élections". L'opposition avait écrit au Président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) longtemps avant la tenue de ce double scrutin, annonçant qu'elle n'y participera pas et ne reconnaîtra pas les nouveaux élus comme représentants au sein des commune et du parlement. -En attendant les résultats officiels, le clan Nkurunziza fête la victoire- Face au boycott de l'opposition, les scrutins législatifs et communaux devraient consacrer une large victoire du camp présidentiel, le CNDD-FDD et ses alliés. Parmi ces derniers figurent des formations historiques de l'opposition, Uprona et FNL, notamment "Le dépouillement est terminé dans tous les bureaux de vote sur l'ensemble du territoire burundais. Au moment où nous parlons, les résultats sont en train d'être centralisés au niveaux des communes", a déclaré un porte-parole de la Commission électorale (Céni). Les résultats partiels, évoqués par des médias, mettent en première position le parti CNDD FDD ( parti au pouvoir) dans tous les bureaux de vote, suivi presque partout par l'une ou l'autre coalition de l'opposition ou alors le parti Uprona. Les résultats provisoires des communales "devraient être connus aujourd'hui (mardi) ou demain" et les premiers résultats des législatives pas avant mercredi, a-t-on indiqué. Premier paris gagné pour Nkurunziza malgré la pression Ces scrutins marquaient la première étape d'un processus électoral controversé au Burundi, dont la prochaine sera la présidentielle où Pierre Nkurunziza, déjà élu en 2005 et 2010, briguera un troisième mandat contraire à la Constitution selon ses adversaires. Les conseillers communaux élus lundi choisiront le 24 juillet les sénateurs. L'opposition et le pouvoir de Bujumbura ne parviennent pas à s'entendre sur un bon nombre de sujets sur ces élections, notamment la troisième candidature du Président Pierre Nkurunziza. La communauté internationale a quasi-unanimement dénoncé le maintien de ces scrutins par les autorités burundaises, sourdes à l'appel pour un report, comme celui formulé par l'Union européenne, qui a qualifié de "fait grave" la tenue des élections, craignant une "exacerbation de la crise profonde que traverse le Burundi". Une position partagée par les Etats-Unis, qui ont été "profondément déçus" par la tenue des législatives organisées dans "des conditions terriblement inadéquates". L'Union africaine a de son côté demandé le report de ce scrutin et de l'élection présidentielle, et a refusé dimanche soir d'observer les scrutins de lundi. L'organisation panafricaine, à l'instar des pays de la sous-région, plutôt plaidé pour l'ouverture du dialogue pour parvenir à un consensus autour d'une solution durable à la crise au Burundi et a appelé à répondre positivement aux appels urgents lancés par la région. L'ONU, quant à elle, a estimé que le climat actuel au Burundi ne permettait pas des élections crédibles, après deux mois de contestation émaillée de violences contre une candidature du président Nkurunziza à la présidentielle prévue le 15 juillet. Ces violences liés à la contestation ont fait au moins 70 morts depuis fin avril et poussé plus de 120.000 Burundais à fuir leur pays. Par Ramdane TAMANI