L'émissaire spécial de l'ONU pour le Yémen est arrivé dimanche à Sanaa pour relancer son initiative de trêve humanitaire dans le pays où les bombardements de la coalition arabe continuent de faire rage depuis plusieurs jours contre des positions de rebelles Houthis. Le représentant onusien Ismaïl Ould cheikh Ahmed arrivé dans la matinée à Sanaa, va tenter dans de nouvelles consultations d'obtenir un arrêt des combats au cours des deux semaines restantes du ramadan, ce qui permettrait d'acheminer de l'aide à la population. Le diplomate mauritanien, a répété qu'il cherchait à obtenir "rapidement une trêve humanitaire", puis parvenir à "un règlement pacifique de la crise, qui a tourné à la catastrophe", affirmant qu'il multipliait les efforts en vue d'"un règlement qui soit durable et qui permettra un retour à la table du dialogue" de tous les protagonistes de la crise. Mercredi, à l'issue d'une réunion à Ryadh entre le patron des opérations humanitaires de l'ONU Stephen O'Brien et les directeurs des agences humanitaires, l'ONU a décrété le niveau 3 d'urgence humanitaire (le plus élevé pour le Yémen) pour une période de 6 mois. Il s'agit d'une "obligation morale", a souligné l'émissaire mauritanien, souhaitant que cette trêve humanitaire intervienne avant la fin du Ramadhan. Le cessez-le-feu devra s'accompagner d'un retrait des milices des villes qu'elles ont conquises. "Nous devons trouver le moyen de soulager les souffrances de la population". Le Yémen au bord d'une crise humanitaire Le Yémen, qui importe 90% de sa nourriture, fait l'objet d'un "blocus maritime" de la part de la coalition arabe menée par l'Arabie saoudite qui le mène vers la "famine". "Nous sommes à deux doigts de la famine" au Yémen a fait valoir Ismail Ould Cheikh Ahmed. Il a estimé qu'il est impératif pour toutes les parties de trouver les moyens d'établir une trêve, réfléchissant à la manière de mettre en place un tel mécanisme. L'onusien a rappelé que 21 millions de Yéménites avaient besoin d'assistance humanitaire, soit 80% de la population. 13 millions d'entre eux souffrent de pénurie alimentaire et 9,4 millions ont un accès réduit à l'eau. S'ajoutant à cette crise une épidémie de dengue et des craintes de recrudescence de la polio dans le pays. Un diplomate du Conseil de sécurité a déclaré qu'en l'absence d'une trêve humanitaire, le blocus doit être allégé afin que des navires puissent passer et ravitailler la population. Le plan d'urgence de l'ONU prévoit de secourir en priorité 11,7 millions de Yéménites les plus nécessiteux. Plus de 160 établissements de soins sont menacés de fermeture à cause de l'insécurité et du manque de matériels, a souligné le porte-parole adjoint de l'ONU Farhan Haq. A Aden, la situation est jugée catastrophique: la population manque de vivres et des maladies, comme le paludisme, la typhoïde et la dengue, apparues avec la détérioration des conditions d'hygiène, ne peuvent être soignées faute de médicaments. Intenses combats dans le Sud Le Yémen est le théâtre d'intenses combats depuis que les rebelles Houthis, ont conquis la capitale Sanaa et d'autres régions où les combats avaient déjà fait à la fin du mois de juin 2.800 morts dont 1.400 civils et 13.000 blessés depuis mars, selon l'organisation. Depuis la fin mars, 858 civils et combattants pro-gouvernementaux ont été tués et 6.879 blessés à Aden, a annoncé vendredi le responsable provincial du secteur de la santé, Al-Khader Laswar. A Aden, principale ville du sud, la coalition arabe a lancé à l'aube plusieurs raids aériens contre des positions des rebelles, tuant huit d'entre eux, alors que six civils ont péri dans la chute de roquettes tirées par les rebelles contre des quartiers résidentiels de la ville, selon un responsable provincial, A Lahj, 11 insurgés ont également été tués, ont précisé des sources militaires. Simultanément, un autre groupe de la Résistance a tué 8 insurgés et 2 combattants progouvernementaux, a-t-on ajouté. Les Houthis, soutenus par les unités militaires restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, se sont emparés depuis juillet 2014 de vastes régions du Yémen. Le 26 mars, l'Arabie saoudite a pris la tête d'une coalition arabe pour empêcher ces insurgés de prendre le contrôle de tout le pays à la demande du président yéménite M. Hadi, qui s'était réfugié à Aden.