La communauté internationale a salué les parties prenantes yéménites qui poursuivent leurs efforts en vue de raviver le processus de transition politique du pays et parvenir à une solution pacifique à ce conflit, tout en les appelants à se mettre d'accord sur une nouvelle trêve humanitaire face au risque de famine. Lors d'une conférence de presse organisée au siège de l'ONU à New York, l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Yémen, Ismail Ould Cheikh Ahmed, a salué "les efforts déployés par les parties yéménites au cours des dernières consultations de Genève, alors même que le conflit, qui a déjà coûté la vie à de milliers de personnes, s'intensifie sur le terrain", selon un communiqué de l'ONU. "Malgré les combats qui font rage, la violence ininterrompue et la situation humanitaire dramatique, les Yéménites ont répondu à l'invitation du secrétaire général et ont participé aux consultations préliminaires" qui se sont ouvertes lundi 15 juin dans la ville Suisse, a-t-il déclaré. La présence physique du Secrétaire général à l'ouverture des consultations est une indication de l'importance accordée par l'Organisation et la communauté internationale à la situation yéménite, a-t-il expliqué. Toutefois, M. Ould Cheikh " regrette profondément les divisions profondes entre parties et l'absence de compromis qui ont empêché de conclure un accord qui était pourtant à portée de main". A deux doigts de la famine, l'urgence d'une trêve avant la fin du ramadhan Après avoir rendu compte au Conseil de sécurité de l'échec des négociations de paix de Genève, l'envoyé spécial a estimé "impératif pour toutes les parties -- et pour moi toutes sont responsables -- de trouver les moyens d'établir une trêve". Il s'agit d'une "obligation morale", a-t-il souligné en souhaitant que cette trêve humanitaire intervienne "avant la fin du ramadhan". Un cessez-le-feu, a-t-il expliqué, devra s'accompagner d'un retrait des milices chiites des villes qu'elles ont conquises et d'un mécanisme de surveillance pour signaler les violations par l'une ou l'autre partie. Le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric a confirmé de son côté que l'ONU "réfléchissait" à la manière de mettre en place un tel mécanisme. "Nous sommes à deux doigts de la famine" au Yémen, a fait valoir Ismaïl Ould Cheikh Ahmed. "Nous devons trouver le moyen de soulager les souffrances de la population". Il a rappelé que 21 millions de Yéménites avaient besoin d'assistance humanitaire, soit 80% de la population. S'ajoutent à cette crise une épidémie de dengue et des craintes de recrudescence de la polio dans le pays. Selon une étude récente publiée conjointement par l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM), six millions de personnes au Yémen ont actuellement besoin d'une aide alimentaire de toute urgence. Les deux agences onusiennes estiment que dix-neuf des 22 gouvernorats du pays le plus pauvre de la péninsule arabique sont affectés par la crise alimentaire. "Le Yémen a désespérément besoin d'une pause dans les combats, d'un accès et d'un financement accrus pour l'aide humanitaire et d'une reprise immédiate et à grande échelle de ses importations commerciales", soulignent-elles. Blocus saoudien, une zone maritime contrôlée Le Yémen, qui importe 90 pour cent de sa nourriture, fait l'objet d'un "blocus maritime" de la part de la coalition arabe menée par l'Arabie saoudite qui combat les miliciens chiites, a dénoncé de son côté un diplomate du Conseil. "Les Saoudiens disent que ce n'est pas un blocus mais une zone maritime contrôlée", a-t-il ajouté. "En l'absence d'une trêve humanitaire (..) il faut que ce blocus soit allégé afin que des navires puissent passer" et ravitailler la population. Depuis le 26 mars, l'Arabie saoudite, répondant à l'appel du président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, dirige une coalition de neuf pays arabes qui bombardent les positions de rebelles Houthis. Sur le terrain, lors d'opérations militaires à la frontière entre l'Arabie saoudite et le Yémen, quatre militaires ont été tués portant à plus de 40 le nombre de personnes tuées, la plupart des militaires mais aussi des civils, à la frontière entre les deux pays depuis le début de la campagne aérienne sous commandement saoudien contre les Houthis au Yémen où ces rebelles se sont emparés de vastes territoires. Selon l'ONU, le conflit a déjà fait près de 2 000 morts et poussé plus de 545.000 personnes à quitter leurs foyers.