Une vague de violences, sans précédent, frappe ces derniers jours le Cameroun, où les attentats sont devenus quasi-quotidiens, imputés au groupe armé Boko Haram, notamment dans la région de l'Extrême Nord, frontalière avec le Nigeria, alors que des milliers de réfugiés nigérians continuaient d'affluer, fuyant les atrocités et les massacres de ce groupe terroriste. Dans la nuit de dimanche à lundi, aux environs de 02H00 (01H00 GMT), des hommes armés soupçonnés d'être des membres du groupe Boko Haram ont attaqué et incendié la brigade de gendarmerie d'Afadé, localité de la région de l'Extrême Nord du Cameroun, rapportent des sources militaires. "Deux prévenus détenus en cellule ont été égorgés et deux véhicules de l'armée camerounaise brûlés", lors de cette attaque, ont-elles ajouté, soulignant que "quatre militaires et trois policiers sont portés disparus." Toujours dans la même région, "trois personnes ont été décapitées dimanche" lors d'attaques attribuées au même groupe armé, a affirmé une source sécuritaire en poste dans la région. Samedi dernier, un attentat-suicide perpétré par une kamikaze adolescente a causé environ 25 morts et plus de 80 blessés à Maroua, la principale ville de l'Extrême Nord, selon le dernier bilan communiqué par des sources hospitalières. Mercredi déjà, deux adolescentes kamikazes avaient tué 13 personnes en se faisant exploser au marché central de la même ville et dans un quartier voisin. Selon les experts, la multiplication des attaques terroristes semble remplacer les affrontements directs qui constituaient la tactique principale du groupe terroriste mais qui semble avoir échoué dans des pays comme le Tchad et le Cameroun. Ces attaques sans précédent en territoire camerounais marquent un tournant, même si, depuis deux ans, le groupe armé a enchaîné raids meurtriers et enlèvements dans cette région. Un flux constant de réfugiés nigérians Selon le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), une centaine de réfugiés nigérians arrivent chaque jour dans les camps de Monawao, au nord du Cameroun, pour fuir les violences du groupe terroriste Boko Haram. "Un flux constant de réfugiés nigérians quitte la région frontalière et instable entre le Nigeria et le Cameroun pour chercher refuge à une centaine de kilomètres à l'intérieur du Cameroun dans les camps de Minawao", selon un porte-parole d'organisation onusienne, Leo Dobbs. La majorité des déplacés sont des Nigérians, déjà réfugiés au Cameroun près de la frontière après avoir fui les combats au nord-est du Nigeria entre l'armée et les miliciens de Boko Haram. Au total, la population des camps de Minawao s'élève à 44.000 réfugiés, soit 14.000 de plus que l'an dernier. Selon le HCR et les autorités camerounaises, entre 12.000 et 17.000 réfugiés non enregistrés se trouvent dans le nord du Cameroun. Les violences dans le nord-est du Nigeria ont entraîné au total le déplacement de plus de 160.000 personnes, en particulier vers le Niger, le Cameroun et le Tchad, ainsi que près d'un million de personnes à l'intérieur du Nigeria, d'après les estimations du HCR. Lutte contre le terrorisme: l'Afrique appelée à renforcer ses capacités Face à une telle situation menaçant la sécurité, le Cameroun est appelé, à l'instar de tous les pays d'Afrique à renforcer ses moyens de lutte et de prévention contre le terrorisme, un phénomène transfrontalier sévissant dans la région du Sahel. Dans ce contexte, le directeur du Centre africain d'études et de recherches sur le terrorisme (CAERT), Franciso José Madeira, avait estimé que les groupes terroristes "peuvent frapper partout", ce qui impose aux pays du continent d'"améliorer leurs capacités de riposte et d'impliquer les populations dans la lutte antiterroriste." M. Madeira avait recommandé, pour ce faire, de tirer profit des expériences acquises en matière de lutte contre le terrorisme et le crime organisé, telle que l'expertise de l'Algérie, qui, a-t-il dit, devient un pays "incontournable" dans l'action de faire face aux réseaux terroristes. Le CAERT en tant qu'organe de l'Union africaine oeuvre pour le partage, avec les pays d'Afrique, de l'expérience algérienne dans la lutte contre l'extrémisme violent, le terrorisme et la radicalisation. (Par Ramdane TAMANI)