La situation sécuritaire en Libye, aggravée ces derniers jours par les attaques de l'organisation terroriste "Daech" dans la ville de Syrte (nord), inquiète les parties libyennes et la communauté internationale, notamment les pays de la Ligue arabe qui vont se réunir mardi à la demande des Libyens qui ont sollicité de l'aide. Depuis une semaine, les combats opposant des habitants aguerris de la ville Syrte (nord de la Libye) à des éléments de l'organisation autoproclamée "Etat islamique" (EI/Daech) se poursuivaient toujours, faisant des dizaines de morts. Le gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale, qui se dit "incapable de faire face à l'EI en raison de l'embargo sur les armes imposé à l'armée", a appelé, samedi, les Etats arabes à mener des frappes aériennes contre les membres de l'organisation terroriste dans cette ville. Quelques heures plus tard, une source diplomatique égyptienne a annoncé la tenue mardi d'une réunion du Conseil de la Ligue arabe au niveau des représentants des Etats membre lors d'une session extraordinaire à la demande de la Libye. "L'Egypte a soutenu la demande libyenne", a affirmé l'ambassadeur Tarek Adel, représentant permanant de l'Egypte à la Ligue arabe, précisant que les représentants des Etats membres "vont chercher comment aider le gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale à faire face à la menace terroriste". Daech ennemi commun des Libyens Le gouvernement siégeant à Al-Bayda (Est) et le gouvernement parallèle installé à Tripoli, tous deux hostiles à Daech, encouragent les combattants de Syrte dans leur lutte contre ce groupe extrémiste. Le gouvernement de Tripoli a affirmé avoir lancé des raids aériens contre les terroristes à Syrte ces derniers jours. Mais dimanche, un responsable local qui a requis l'anonymat a affirmé que "certains habitants armés qui avaient combattu l'EI se sont repliés et ont même quitté la ville". "Ils n'ont pas reçu d'aide concrète et significative des deux gouvernements et ont alors arrêté de combattre", a-t-il ajouté. En proie au chaos depuis la destitution de l'ancien leader Maâmmar El-Gueddafi en 2011, la Libye est livrée aux milices et compte deux Parlements et deux gouvernements rivaux qui se disputent le pouvoir. Des pourparlers organisés sous l'égide de l'ONU depuis plusieurs mois pour parvenir à un accord afin d'installer un gouvernement d'union nationale n'ont jusqu'à présent pas abouti. Craintes d'une propagation de Daech dans la région Les pays de la région et les voisins de la Libye ont affiché leur profonde préoccupation face aux avancées de Daech, qui pourrait constituer une menace à la sécurité de toute la région, tout en soulignant la nécessité de la poursuite du dialogue interlibyen. L'Algérie, qui partage une longue frontière avec la Libye, a condamné dimanche avec "la plus grande vigueur" les récents actes terroristes à Syrte en Libye selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, soulignant que "cette aggravation de la situation sécuritaire dans cette ville risque de plonger ce pays voisin et frère dans le chaos ce qui pourrait constituer une menace réelle à la sécurité de toute la région". La diplomatie algérienne a également réitéré son appel urgent pour la mise en place en Libye d'un gouvernement d'union nationale capable de préserver l'unité nationale, l'intégrité territoriale et la souveraineté de la Libye ainsi que la cohésion du peuple libyen frère, afin de relever le défi sécuritaire". Pour sa part, la Tunisie, qui a subit récemment des attaques terroristes causant des dizaines de morts, principalement des touristes étrangers, s'est déclarée très inquiète de la situation chez son voisin, craignant l'avancée des terroristes vers sa frontières. "La Tunisie suit de près la situation sécuritaire en Libye, et appelle la classe politique libyenne à multiplier les efforts pour réussir le processus de dialogue national et à former un gouvernement d'union nationale", selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Lundi, le ministre italien des Affaires étrangères Paolo Gentiloni a prévenu que la Libye risque de se transformer de manière durable en une nouvelle Somalie si les pourparlers de paix n'aboutissent pas à un accord dans quelques semaines. "Soit on conclut dans quelques semaines, soit nous nous trouverons avec une autre Somalie à deux pas de nos côtes et nous devrons réagir d'une autre manière", a déclaré le ministre. Par ailleurs, l'Egypte, qui a mené ces deux dernières années des frappes aériennes en Libye contre des positions de Daech et d'autres milices extrémistes, s'est de nouveau dite prête à aider, "spécialement le gouvernement d'Al-Bayda, à faire face aux terroristes et à reprendre le contrôle de tout le territoire libyen". L'Occident presse le Libyens de former un gouvernement d'union nationale Parallèlement à ces craintes régionales, les Etats-Unis, la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et la Grande-Bretagne ont affiché, dans un communiqué commun, leurs profonde préoccupation face aux avancées en Libye de l'organisation ultra-radicale Daech, qu'ils combattent en Irak et en Syrie. Les six pays ont appelé les parties en conflit en Libye à "se joindre aux efforts pour combattre la menace que constituent ces groupes terroristes transnationaux qui exploitent la situation en Libye pour atteindre leurs propres objectifs". Ils ont en outre affirmé que la situation à Syrte "souligne la nécessité urgente pour les parties en Libye de parvenir à un accord pour la formation d'un gouvernement d'union nationale qui, de concert avec la communauté internationale, peut assurer la sécurité face aux groupes extrémistes violents qui cherchent à déstabiliser le pays". (Par Ali Kefsi)