La Somalie reste dans une situation humanitaire "critique" quatre ans après une famine dévastatrice, a averti lundi l'ONU, en notant une augmentation du nombre de personnes ayant besoin d'aide alimentaire. "Les niveaux d'insécurité alimentaire et de malnutrition sont critiques. Les acteurs humanitaires et les bailleurs ont évité le pire, mais nous devons tous faire plus", a déclaré le coordinateur de l'aide l'humanitaire de l'ONU en Somalie, Peter de Clercq. "La situation des personnes déplacées est particulièrement inquiétante", a-t-il affirmé dans un communiqué. Le nombre de personnes ayant besoin d'aide alimentaire est passé en six mois de 731.000 à 855.000, une hausse de 17%, selon les chiffres publiés lundi par l'Unité d'analyse de la sécurité alimentaire et de la nutrition (FSNAU) de l'ONU et le Réseau d'alerte précoce de la famine (Fews Net, financé par l'USAID, l'agence américaine de développement). Les faibles précipitations ont nui aux récoltes et près de 215.000 enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë, parmi lesquels 40.000 sont exposés "à un risque élevé de maladie et de mort". Ces données montrent que "la situation reste alarmante", souligne l'ONU, quatre ans après une sécheresse dans la Corne de l'Afrique qui, associée à la guerre civile, avait entraîné en Somalie une famine qui a tué plus de 250.000 personnes. "Les choses se sont améliorées depuis, mais les besoins humanitaires demeurent immenses et le nombre de personnes nécessitant une aide humanitaire continue de se situer autour de 3 millions", poursuit l'ONU dans son communiqué, "la capacité (du pays) à absorber les chocs - que ce soit un conflit ou des catastrophes naturelles - est très limitée". Les éléments du groupe armé Al-shebab, qui ont reculé sur le terrain militaire et abandonné l'essentiel de leurs bastions du centre et du sud somaliens depuis 2011, continuent néanmoins de contrôler de nombreuses zones rurales et mènent des actions de guérilla contre les forces gouvernementales ou l'Amisom, ainsi que des attentats suicide jusque dans la capitale somalienne. L'actuel gouvernement somalien, présenté par la communauté internationale comme le meilleur espoir de paix et de retour à un Etat depuis deux décennies, peine à asseoir son pouvoir au-delà de Mogadiscio et sa périphérie, et reste miné par des luttes internes.