La Somalie est encore sous la menace de la famine, a prévenu hier l'organisation des Nations unies qui a appelé la communauté internationale à agir pour éviter le pire. Le pays, instable depuis deux décennies, en raison de la guerre civile et du terrorisme islamiste de Shebab, alliés d'Al-Qaïda dans le pays, n'a pas suffisamment de ressources pour subvenir aux besoins d'une population, majoritairement pauvre et dont une partie vit dans les camps pour déplacés onusiens. «La crise de la sécurité alimentaire en Somalie devrait s'aggraver dans les prochains mois à cause de faibles précipitations durant la principale saison des pluies, d'une restriction de l'aide et de l'accès humanitaires, d'une hausse de la malnutrition, de la guerre et de la hausse des prix alimentaires», a averti hier l'Unité d'analyse de la sécurité alimentaire et de la nutrition (Fsnau) des Nations unies dans un communiqué. «Les populations de Somalie ne peuvent se permettre d'attendre l'issue de la prochaine récolte. Elles ont besoin d'une aide d'urgence pour améliorer leur sécurité alimentaire et préserver leurs moyens d'existence, dont la majorité dépendent directement de l'agriculture», a déclaré début juin dernier Luca Alinovi, Chef par intérim du Bureau de la FAO en Somalie et Représentant de la FAO au Kenya. Dans son communiqué, l'ONU a affirmé, avec inquiétude, que la crise risque de s'emballer si une aide urgente n'est pas apportée dans les prochains jours et semaines, notamment dans les alentours de la capitale où vivent des dizaines de milliers de déplacés dans des camps de fortune, après avoir fui les combats opposant les terroristes Shebab aux forces somaliennes et aux troupes de maintien de la paix de l'Union africaine, à Mogadiscio. L'ONU estime le nombre d'enfants de moins de cinq ans qui sont sévèrement malnutris à plus de 200 000, à travers tout le pays. Ces derniers «ont urgemment besoin de soin», a ajouté le communiqué. En plus de Mogadiscio, d'où ont fui les Shebab depuis 2011, d'autres villes sont touchées par le risque d'une insécurité alimentaire qui a provoqué la mort, il y a trois ans, de plus de 250 000 personnes, dont la moitié était des enfants. Parmi ces régions, l'ONU a mentionné Bakol, Gedo, du Moyen-Juba, de Hiran et du Bas-Shabelle. «La situation est encore aggravée par l'envolée des prix des céréales, qui ont connu jusqu'à 60% d'augmentation dans certaines zones depuis le mois de mars, a précisé la Fesnau.» Il y a trois jours, plusieurs agences de l'ONU ont tiré la sonnette d'alarme et appelé à «une action urgente de la communauté internationale» pour éviter une nouvelle crise humanitaire. «Tous les signes que nous avons vus avant la famine de 2011 sont là : la réduction de l'accès humanitaire, l'insécurité, la hausse des prix alimentaires, le retard des pluies et l'aggravation rapide de la malnutrition chez les enfants. Il est essentiel que nous agissions maintenant pour éviter une autre catastrophe humanitaire», a déclaré John Ging, le directeur des opérations au Bureau de la coordination des affaires humanitaires, repris par l'agence chinoise Xinuha. Pour rappel, la Somalie avait été le pays le plus durement touché par la sécheresse extrême de 2011, qui avait affecté plus de 13 millions de personnes dans la Corne de l'Afrique. L. M.