Le président yéménite, Abd Rabbo Mansour, est rentré à Aden après six mois d'exil pour tenter de rétablir l'autorité de l'Etat et sa légitimité à la tête du pays, une semaine après le retour de son gouvernement dans cette ville proclamée "capitale provisoire" du Yémen, ravagé par un profond conflit meurtrier ayant fait plus de 30.000 victimes. Dès son retour, le chef d'Etat a présidé une réunion des membres du gouvernement, demandant aux participants de régler les problèmes de la population --"eau, électricité, santé, habitat, sécurité"--, notamment dans cette partie du pays, à partir de laquelle s'organise la reconquête du nord du pays, toujours sous le contrôle des rebelles. M. Hadi, 70 ans, s'était installé dans la capitale saoudienne, Ryadh, après avoir été contraint le 25 mars à quitter Aden, où il s'y était réfugié devant la progression des rebelles Houthis, qui avaient conquis la capitale Sanaa et de vastes pans du territoire. Aucune information officielle ne révèle, néanmoins, si M. Hadi compte s'installer définitivement à Aden, où l'insécurité persiste, comme dans les quatre autres provinces reconquises cet été par les forces anti-rebelles soutenues par la coalition arabe dirigée par l'Arabie Saoudite. Mardi soir, il a promis un retour rapide à Sanaa. "Le retour dans la capitale Sanaa est pour bientôt, après la libération de toutes les villes et provinces, (aux mains) des milices putschistes", a-t-il déclaré dans une brève déclaration publiée par l'agence officielle Saba. "Nous sommes aujourd'hui à Aden. Nous serons demain à Taëz (troisième ville du Yémen) puis dans la capitale Sanaa", a insisté le chef d'Etat, promettant la "stabilité" dans tout le pays. Dans l'immédiat, le président yéménite, reconnu par la communauté internationale, doit rester "quelques jours à Aden" avant de partir à New York pour assister à l'Assemblée générale de l'ONU, a indiqué une source proche de la présidence. Les efforts internationaux se multiplient, sous l'égide le médiateur de l'ONU pour le Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, pour tenter de relancer les pourparlers de paix. Le chef d'Etat yéménite insiste sur ses conditions pour la tenue de tels pourparlers, exigeant au préalable, "la mise en œuvre par les rebelles de la résolution 2216 du Conseil de sécurité de l'ONU qui les somme de se retirer des territoires conquis depuis 2014 et de remettre les armes qu'ils ont saisies" Deux conditions qui semblent difficilement acceptable pour les rebelles, ont estimé des observateurs. Pour M. Hadi, il revient à la communauté internationale d'"exercer des pressions" sur les rebelles pour qu'ils acceptent la résolution 2216 et "commencent à la mettre en œuvre sans aucune condition". Les derniers pourparlers de paix, en juin à Genève, s'étaient soldés par un échec. Depuis lors, la coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite, qui soutient le président Hadi, a intensifié sa campagne militaire contre les Houthis, aggravant une situation humanitaire qualifiée de "catastrophique". Volonté d'intégrer la résistance populaire au sein de l'armée Des divisions sont récemment apparues dans les rangs de la coalition hétéroclite de forces progouvernementales, qui soutenus par les frappes aériennes puis des soldats d'Arabie saoudite et des Emirats notamment, a combattu les Houthis ces derniers mois. Pour y faire face, le président Mansour a insisté sur la nécessité "d'intégrer les membres de la Résistance populaire au sein de l'armée et des forces de sécurité", a-t-on indiqué de source officielle. Après avoir repris l'initiative dans le sud, les forces anti-rebelles, appuyées par des troupes arabes, ont lancé le 13 septembre une vaste offensive dans la province de Marib (centre), à l'est de Sanaa, avec l'objectif d'avancer sur la capitale. Mardi, au moins 21 rebelles Houthis et civils ont été tués dans un raid aérien de la coalition arabe sur un quartier résidentiel de la capitale du Yémen, selon des témoins et des sources médicales. La guerre au Yémen a fait près de 5.000 morts et quelque 25.000 blessés depuis le début de l'intervention de la coalition arabe, selon l'ONU. Environ 1,3 million de Yéménites ont été déplacés et 21 millions ont besoin d'aide ou de protection.